Martine Laplante

Bonjour,
Je m’exprime au nom de deux associations: Alternatiba Limousin et les Amis de la Terre Limousin.
Il s’agit donc d’une contribution collective
Tout d’abord nous nous interrogeons sur l’objet même de la concertation: elle porte sur la création d’un incinérateur, sans qu’un travail préalable ait été engagé avec les citoyens sur la gestion globale des déchets. On sait qu’avec un peu de travail éducatif sur la gestion des déchets par les particuliers on peut arriver à une diminution très nette des déchets résiduels. Ne serait-il de ce fait pas utile de consacrer une petite partie du budget à la mise en place « d’ambassadeurs du tri »?
Par ailleurs on ne peut plus ignorer qu’il n’est pas possible de se projeter à plusieurs décennies sans anticiper les changements de société qui sont maintenant inévitables (par exemple, moins de pétrole donc moins de plastiques?) La loi sur l’obligation de mise en compost des déchets humides aura aussi un impact important sur la quantité de déchets ultimes à gérer. et qui peut affirmer aujourd’hui qu’aucune nouvelle méthode de recyclage de nouvelle matière ne verra le jour dans les prochaines années, diminuant d’autant les quantités de matières à incinérer?
Une petite remarque sur les aspects sanitaires. Chacun sait qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. Si on est « dans les normes » pour chaque molécule recherchée, combien potentiellement présentes ne sont pas recherchées? Et nous n’insisterons pas sur l’effet cocktail, dont le principe est maintenant largement admis, et dont en l’état des connaissances il reste impossible d’évaluer la dangerosité, ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il n’y en a pas!
De fait, parler de « valorisation énergétique » et de création de « réseau de chaleur » vise à mettre l’accent sur des aspects considérés comme positifs qui cachent au moins en partie les points négatifs de l’incinération, jouant sur un délicat équilibre bénéfices/risques dans lequel on ne sait plus trop où se situe l’intérêt réel des citoyens.
En résumé, nous demandons donc qu’un véritable travail avec les citoyens sur la gestion des déchets, les diverses façons de les diminuer, soit fait en amont de toute décision concernant une nouvelle unité d’incinération qui nous engage pour plusieurs décennies.

FAURE JULIE

Bonjour,
En tant qu’habitante à proximité de l’incinérateur, je souhaite vous faire part de mes inquiétudes quand à la possibilité de rénover l’incinérateur sur le même site (Fougeras). Si à l’époque de sa construction une large méconnaissance prévalait concernant les rejets de polluants et leur impact environnemental et sanitaire, aujourd’hui de nombreux scientifiques alertent sur les risques liés à l’incinération. Bien que de nouvelles directives aient vu jour, fixant ainsi des normes d’émission à respecter, nous ne pouvons que constater les limites de la réglementation, qui ne réglemente qu’une vingtaine de polluants sur plus de 2000 molécules mesurées en sortie de cheminée. Les effets de certains polluants sont encore méconnus et non contrôlés. De plus, concernant les polluants contrôlés, tels que les dioxines, beaucoup de scientifiques s’accordent à dire que les normes sont insuffisantes. De nombreuses études ont pointé les risques à long terme sur la santé (avec une augmentation conséquente des risques de cancer notamment). Dans la mesure où l’incinération implique de nombreuses réaction chimique, il est impossible de garantir l’innocuité de son processus. De ce fait, pourquoi prendre le risque de le laisser à proximité des habitations ? Certes, le nouvel incinérateur sera un peu plus reculé mais il reste néanmoins très proche et il est bien illusoire de considérer que le petit espace boisé saurait suffire, à lui seul, à contenir les fumées. En tant qu’habitants, nous ne pouvons que nous faire du souci pour la santé de nos enfants qui vont respirer ces fumées durant des années. De nombreuses entreprises (site d’Ester) sont également implantées à proximité, ainsi que des sites de loisirs tels que le cinéma,l’ Aquapolis, le Zenith ou encore le bois de la Bastide. Ne pensez-vous donc pas qu’il serait plus judicieux d’éloigner le risque ? Vous avez aujourd’hui la possibilité de choisir de limiter les impacts en reconstruisant dans une zone plus déserte. Nous espérons donc que vous ferez le bon choix, et pas seulement un choix économique… Notre planète et notre santé sont aujourd’hui en train de payer de nos erreurs…montrons nous un peu responsable dans la limite de nos possibilités…

Nessim ARAZAM

La concertation porte sur l’avenir du traitement des déchets en Haute-Vienne et en Creuse en paticulier sur la création d’une nouvelle unité de valorisation énergétique et d’un nouveau réseau de chaleur. Ce sont donc deux projets qu’il faut examiner. Il aurait été plus judicieux de faire porter la concertation seulement sur la création du nouvel incinérateur car c’est cette installation qui est problématique en terme de nuisances, d’effets sur la santé et l’environnement, sur le bilan carbone et le réchauffement climatique. De plus l’incinération est la résultante de la production trop importante de déchets. Le projet de nouvel incinérateur est donc lié à la problématique de la prévention et de la réduction des déchets comme le prévoit la loi qui instaure la hiérarchisation des modes de traitement des déchets. La création d’un réseau de chaleur ne rentre pas du tout dans ce tye de problématique. Il faut séparer les deux projets.

François DEVULDER

Bonjour,
Bénévole à l’UFC Que Choisir 87, j’ai quelques questions à vous poser, questions dont les réponses pourront être reprises dans notre bulletin trimestriel de décembre.
Quel impact cette consultation pourrait avoir sur le projet ?
Quelle incidence sur la fiscalité locale, départementale et régionale aura ce projet ?
Sur quelle hypothèse d’évolution démographique est calculé le volume de déchets qui sera traité par le futur site ?
Quelle valorisation des déchets (chauffage d’une partie nord de Limoges) et à quel tarif ?
Quelles initiatives départementales (ou autres) seront mises en oeuvre pour réduire la production de déchets et, plus particulièrement, celle des OMR ?
Quelles garanties sanitaires à propos du rejet de particules ?
Quelle empreinte carbone sera générée par l’acheminement (camions) des déchets ?
Merci d’avance pour vos réponses.
Cordialement,
François DEVULDER / fdevulder1@gmail.com

 

Bonjour,  

Merci pour vos questions.

La concertation préalable organisée par l’Entente Intercommunale est une concertation volontaire accompagnée par la CNDP. Elle a notamment pour objectif de débattre de l’opportunité du projet de création d’une nouvelle UVE et d’un nouveau réseau de chaleur ainsi que des différents scénarios présentés par l’Entente. A l’issue de la concertation, les garantes de la CNDP font paraître leur bilan dans le mois qui suit la clôture. La co-maîtrise d’ouvrage a ensuite deux mois pour établir et publier son rapport présentant les principaux enseignements qu’elle retire de la concertation préalable et apportant des réponses aux recommandations formulées par garantes. C’est à la suite de cela que l’Entente devra décider de la solution qu’elle souhaite privilégier pour assurer l’avenir du traitement des déchets.

 Le projet, dont l’investissement est évalué à 158,5 millions d’euros pourrait bénéficier de subventions publiques de la part du Conseil départemental de la Haute-Vienne, du Conseil départemental de la Creuse et de l’Etat. A ce stade du projet, le montant des aides financières n’est pas connu et n’a pas été intégré au plan de financement. Concernant le coût de traitement à la tonne, celui-ci serait de 19,1 euros par habitant en 2030 contre 18,9 en 2021, soit le même ordre de grandeur. Vous pourrez retrouver des précisions sur le sujet dans le dossier à partir de la page 63 : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/09/Dossier_concertation_web.pdf

Les hypothèses d’évolution démographiques ont été formulées sur la base des projections de l’INSEE avec des scénario minimum, médian, et maximum. Vous pourrez retrouver les chiffres de ces prévisions dans le dossier de concertation en page 41 ainsi que les analyses des chiffres présentés.

Outre la création d’une nouvelle UVE, le scénario privilégié de l’entente prévoit la création d’un troisième réseau de chaleur pour desservir le centre de Limoges. Dans cette hypothèse, ce réseau de chaleur raccordé à l’UVE permettrait de produire 66 000 MWh/an pour un prix de vente de 78 euros TTC / MWh (contre 82 euros actuellement et par rapport des prix de marché du gaz très fluctuants (200 à 300 euros / MWh actuellement). Le prix de vente de la chaleur aux abonnés des réseaux de chaleur de Beaubreuil et du Val de l’Aurence ne serait pas modifié dans le cadre des délégations de service public existantes.

Concernant la réduction des déchets à la source, et outre la tarification incitative déployée progressivement au sein d’EVOLIS 23 et du SYDED 87, les trois structures de l’Entente déploient des actions spécifiques de prévention dans le cadre de leur Programme local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés (PLPDMA) avec des grands axes autour de l’incitativité, de la lutte contre le gaspillage, du tri à la source des biodéchets, de la valorisation in situ des végétaux, du réemploi, de la réparation et du don, etc. Vous pouvez retrouver le détail de ces actions en page 12 du dossier de concertation. Au global, les objectifs de l’Entente sont une diminution de -25 à -47 % de la production d’OMr entre 2010 et 2030. Les éléments cadres des trois PLPDMA se retrouvent dans la rubrique « documentation » du site internet.  

Concernant le volet sanitaire, il faut tout d’abord signaler que depuis 40 ans, l’incinération n’a cessé de s’améliorer grâce à l’évolution de la réglementation. (-98 % d’émissions de particules entre 1990 et 2019 et -99,9 % d’émissions de dioxines furanes). Grâce aux meilleures techniques disponibles en matière de traitement des fumées, le projet prévoit un système de double filtration des fumées. Ainsi, les niveaux des valeurs limites d’émission des polluants en sortie de cheminée seront abaissés en application de la nouvelle réglementation à mettre en œuvre d’ici décembre 2023. Il faut également signaler que la Centrale énergie déchet actuelle fait l’objet d’une surveillance et d’inspections des services de l’État, et cela serait le cas de la potentielle nouvelle UVE.

En outre, il est à noter que les données issues de la surveillance de la qualité de l’air réalisée par l’organisme ATMO aux alentours de la CEDLM montrent qu’il n’y a pas de spot particulier qui ressorte pour les polluants et que les valeurs sont basses et constantes, toujours en dessous des seuils de la réglementation. Vous pourrez retrouver davantage de détails sur les aspects sanitaires du projet dans le compte-rendu de l’atelier qui s’est déroulé le 4 octobre dernier à Panazol, et qui sera prochainement mis en ligne. 

Pour ce qui concerne le trafic des camions lié à la gestion des déchets, la flotte des camions de la future usine pourrait être constituée de motorisation bas carbone selon les standards envisageables à l’horizon 2030 : gaz, électricité, hydrogène… Cela permettrait ainsi de diminuer considérablement l’empreinte carbone liée aux transports. Ainsi, dès le 1er juin 2023, la flotte des camions de collecte de Limoges Métropole sera notamment composée de 16 camions électriques et de 6 camions au carburant alternatif XTL (carburant à basse de  déchets de graisse et huile de friture usagées) ; cela sera complété par un programme d’actions avec l’agriculture locale. 

Bien cordialement,

OLIVIER RICHOU

Madame, Monsieur

Le projet d’incinération est en lui-même extrêmement surprenant. Pour ne pas dire que c’est un non-sens. Le brûlage crée de la pollution, quels que soient les filtres d’évacuation et il est d’ailleurs bien indiqué sur les sites divers de présentation du projet de renouvellement que, quelle que soit la performance des filtres de fumées, l’installation demeure très polluante.

Il est de ce fait totalement anachronique d’envisager dépenser peut-être 200 millions d’euros (selon les chiffres que l’on nous donne) pour chauffer un quartier urbain qui pourrait plutôt être soumis, pour la même somme, à des mesures d’isolation inertes et non toxiques ou équipé de capteurs solaires à eau ou photovoltaïques. La question du chauffage du quartier n’est donc pas liée au choix du brûlage des déchets puisqu’il peut s’opérer avec d’autres méthodes non polluantes.

Il apparaît également anachronique d’envisager une augmentation de capacité d’une pareille installation. On a bien compris depuis longtemps que le temps n’était plus aux projets pharaoniques. Partout, on privilégie les petites unités industrielles. De plus, on envisage à Limoges de transporter de Creuse, par camions (!) des déchets afin de venir les brûler dans la métropole… Créer de la pollution de l’air pour éliminer des déchets inertes…
Des camions feraient 100 km en augmentant la pollution routière pour venir vider, alimenter la pollution à Limoges, et repartiraient à vide vraisemblablement. On augmenterait ainsi la circulation et la pollution de l’A20 en plus de la pollution de l’air à Limoges.
On assiste une nouvelle fois à un projet uniquement économique qui n’a aucun intérêt environnemental, et qui n’a même que des défauts.

Il serait moins polluant de concasser des déchets locaux – et seulement locaux – et d’en faire des revêtements de routes ou des isolants plutôt que de les brûler.

Le brûlage a d’ailleurs été interdit aux particuliers. Il est inconcevable qu’il soit autorisé aux collectivités au prétexte qu’elles auraient les moyens de se l’autoriser et de filtrer – incomplètement – les fumées.
Il est à noter que l’Etat vient d’être condamné ce 17 octobre pour n’avoir rien fait contre la pollution de l’air. Une fois de plus, Limoges se placerait à l’écart de l’évolution en persistant dans la pollution, voire dans l’augmentation de la pollution, comme elle le fait toujours dans l’étalement urbain ?

De plus, parmi les implantations envisagées, figurent deux projets (Beaune-les-Mines et Le Palais-sur-Vienne) qui consommeraient une zone naturelle pour construire cette usine visible à des kilomètres. Alors que Limoges dispose de friches industrielles (en zone de Romanet par exemple), alors que la métropole accuse un retard certain en matière de lutte contre la consommation des espaces naturels et du mitage rural, il est envisagé d’apporter une nouvelle pierre à cette politique dramatique. Ce serait faire fi de la disparition des espèces et participer encore à la disparition de la biodiversité. Près de 70% de la faune sauvage a disparu depuis 1970, répétait encore le WWF il n’y a pas huit jours.

Malgré cela, on envisage de consommer encore des hectares naturels. Et de plus, à Beaune-les-Mines, ce serait à proximité d’un site protégé pour ses paysages et pour la qualité de l’eau potable de Limoges ! Tout en abandonnant le site de Beaubreuil très certainement pollué désormais.

La seule bonne idée serait l’abandon pur et simple d’un tel projet.
Je vous remercie.

Yvan TRICART

D’avoir en préalable à la concertation choisi une solution préférentielle (celle de construire un incinérateur de 110000 tonnes sur la même parcelle à Beaubreuil) et développer longuement ce choix dans les documents de la concertation ne fausse-t-il pas le débat ?

A l’atelier du 4 octobre à Panazol portant sur les enjeux sanitaires et l’impact du projet on nous a expliqué que l’impact sanitaire des incinérateurs était négligeable : pour les 114 incinérateurs, les différentes molécules contrôlées représentent entre 00,1% et 2% de l’émission de ces molécules au niveau national.
Justement, si les molécules émises par les 114 incinérateurs sont quantifiables sur les dizaines de milliers de sources émettrices, cela ne veut-il pas dire que mathématiquement au niveau de chaque incinérateur les émissions sont importantes ?

Comment avez- vous déterminé l’impact sanitaire passé sur la population de Beaubreuil, du Palais sur vienne et de Rilhac Rancon située directement sous les retombées de fumées de l’incinérateur ?
(de 1989 à 2005 les rejets de l’incinérateur étaient très mal contrôlés, de 2005 à 2014, une amélioration a été apportée dans les contrôles, mais toujours insuffisante concernant des molécules cancérigènes comme les dioxines , les oxydes d’azotes…, à partir de 2014 et en 2022 une nouvelle série de contrôles plus stricts est imposée).
Pendant tout ce temps qu’en est-il de la santé des 30 000 habitants qui ont vécu sous le champignon ?
Pourquoi n’y a-t-il eu aucune réponse à cette question lors de l’atelier du 4 octobre à Panazol portant sur les enjeux sanitaires, malgré la présence d’une responsable de l’ARS ( Agence Régionale de Santé).
Cette population , notamment celle de Beaubreuil déjà victime d’une pollution routière et de la zone industrielle Nord ne doit-elle pas être epargnée?
Devant l’absence de données chiffrées concernant l’état sanitaire de cette popuation ( Beaubreuil, Le Palais sur vienne et Rilhac Rancon) le principe de précaution ne doit-il pas s’appliquer et ne pas implanter le nouvel incinérateur à Beaubreuil?

 

Merci pour vos questions. Sachez tout d’abord que nous avons parfaitement conscience des questionnements qui peuvent émerger autour des questions de santé liée à l’incinération et c’est notamment pour cela que nous avons organisé un atelier spécifique sur le sujet en présence d’experts reconnus et indépendants.

Comme cela a été présenté lors de l’atelier sur les impacts du projet le 4 octobre dernier (dont vous pourrez retrouver le compte-rendu dans les prochains jours sur le site internet), il est à signaler que la réglementation sur les déchets a significativement évolué ces dernières décennies avec une diminution très significative par exemple des émissions de particules de -97,1 % et des dioxines de – 99,9%. Sur les particules, les 10 champs d’activités* couvrant l’incinération représentent seulement 0,02 % des émissions en France et 1,30 % pour les dioxines furanes. L’exposition de la population à la pollution atmosphérique est ainsi davantage liée aux secteurs résidentiel et tertiaire ainsi qu’aux transports. C’est le cas pour les riverains de Beaubreuil, comme pour toutes les populations résidant à proximité d’axes routiers par exemple.  

En outre, plusieurs études de Santé Publique France** ont démontré qu’il n’y avait pas de différence de concentration de molécules dans le sang entre les populations riveraines d’un incinérateur et les autres. De même une étude très puissante et unique au monde a été réalisée par l’INVS. Cette étude géographique a porté sur 4 départements, 16 incinérateurs (sans traitement de fumées à l’époque), 2.5 millions de personnes entre 1972 et 1985 avec un recensant des cancers apparus entre 1990 et 1996. Les conclusions sont les suivantes : excès de risque faibles (1.06 à 1.23) et à la limite de la significativité par rapport à d’autres facteurs de risque.  L’étude ne peut établir la relation de causalité entre l’apparition de cancers et la présence d’une installation d’incinération. Résultats non transposables à la situation actuelle (émissions 100 fois plus faibles). D’après l’InVS, il parait improbable de pouvoir quantifier les impacts des installations actuelles avec des telles études. Par ailleurs, il a été indiqué lors de l’atelier du 4 octobre qu’il n’est pas possible de mener une étude sanitaire spécifique sur une population réduite, en l’occurrence celle des riverains de l’incinérateur. En effet, il faut un nombre plus important de personnes pour déterminer des statistiques robustes.  

Si l’un des scénarios devait être mis en œuvre dans les années à venir, l’Entente devrait obligatoirement conduire une étude d’impact incluant un volet sanitaire spécifique incluant le passif (comme Limoges Métropole a pu déjà le faire lors de la mise à jour du volet sanitaire de la Centrale Energie Déchets en 2005 en intégrant les valeurs mesurées pour les années passées et les valeurs limites d’émission de la réglementation de 2002 [hypothèse maximisant] pour les années à venir). C’est sur cette base que les services de la DREAL (appuyés notamment par les services de l’ARS) étudieraient le projet et que l’autorisation pourra être accordée ou non par le Préfet. Les risques sanitaires sont donc bien pris en compte dans le cadre du projet.

Les chiffres présentés lors de l’atelier du 4 octobre visaient à rendre explicite le poids significativement très faible du secteur de l’incinération dans les émissions globales en France. Comme cela a été également présenté par ATMO Nouvelle Aquitaine, dans les mesures réalisées à proximité de la CEDLM, il n’y a pas de spot particulier qui ressorte pour les polluants et les valeurs moyennes annuelles sont basses par rapport au reste du territoire de la métropole. Plus précisément, les points de mesure des dioxines et furanes au niveau de l’incinérateur font ressortir des niveaux en dessous de la médiane. Au global, les mesures révèlent que toutes les émissions sont largement inférieures à la réglementation. 

La mesure en continue de la qualité de l’air sur le paramètre particules en suspension PM10 sur la station d’Atmo Nouvelle Aquitaine (Allée Garros au Palais sur Vienne) démontre que les valeurs sont inférieures aux seuils limites. Pour aller plus loin, cette station présente en 2021 les meilleurs résultats des 5 stations disposées en Haute-Vienne.

 

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Source : extrait présentation Atmo nouvelle Aquitaine – atelier du 4 octobre 2022

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Source : rapport annuel 2021Atmo nouvelle aquitaine- extrait départemental Haute-Vienne

Les objectifs de la concertation préalable tels qu’édictés par le Code de l’environnement stipulent bien qu’il s’agit de débattre de l’opportunité d’un projet, de ses enjeux environnementaux et socio-économiques, de ses impacts et également des scénarios alternatifs (y compris la non mise en œuvre du projet). C’est dans ce cadre qu’est présenté le scénario préférentiel de l’Entente ainsi que les hypothèses alternatives qui ont été étudiées. Le débat repose donc bien sur 1 scénario préférentiel (dont l’opportunité doit être ou non confirmée à l’issue de la concertation) et des scénarios alternatifs. Ces derniers ont été exposés plus en détail lors de l’atelier du 13 octobre à LIMOGES BEAUBREUIL. 

Bien cordialement,

* Incinération des déchets domestiques et municipaux (avec et sans récupération d’énergie), Incinération des déchets industriels (sauf torchères), Incinération des boues résiduelles du traitement des eaux, Incinération des déchets hospitaliers, Incinération des huiles usagées, Incinération de carcasses animales, Incinération associée au traitement des eaux usées dans l’industrie (091001), Incinération associé aux autres mises en décharge de déchets solides et Feux ouverts de déchets agricoles (hors 1003xx)

** https://www.santepubliquefrance.fr/docs/etude-d-impregnation-par-les-dioxines-des-populations-vivant-a-proximite-d-usines-d-incineration-d-ordures-menageres.-rapport-d-etude 

Michel Teissier

1) Pour quelles raisons certaines CU semblables à Limoges ont déjà réduit en 2020 leurs productions d’ordures ménagères à un niveau proches de l’objectif que Limoges se fixe pour 2030 ? (Angers Loire Métropole 177 kg/hab/an ; Grand Poitiers 197 kg/hab/an ; Arras 185 kg/an/hab ; Grand Besançon 142 kg/an/hab)
2) Pour quelles raisons la communauté urbaine de Limoges ne prévoit-elle pas de passer en tarification incitative avant la construction d’un nouvel incinérateur ?
3) Quelles sont les actions prévus par les collectivités de Limoges Métropole pour augmenter la durée d’usage des produits ?

 

Bonjour,

Merci pour vos questions.

Tout d’abord, sachez que l’Entente Intercommunale s’est fixée des objectifs ambitieux en matière de réduction des déchets pour 2030, en accord avec les politiques de prévention portées par les trois structures : il s’agit de diminuer de 90 kg par habitant et par an la production de déchets entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un ratio de 154 kg par habitant à cet horizon. Plus particulièrement, Limoges Métropole s’est fixé un objectif à 180 kilos pour 2030 (c’est-à-dire un effort de 39 kg par rapport au ratio de 219 kg/hab/an de 2019). Ce seuil de 180 kg/hab/an correspond à la moyenne des quelques territoires urbains s’étant engagés dans une tarification incitative. 

A titre de comparaison, la moyenne française des territoires urbains était de 263 kg par habitant en 2019, ce qui place Limoges Métropole, avec ses 219 kg/hab/an, en 24ième position sur 102 par rapport aux autres territoires semblables. Vous pourrez retrouver le classement des territoires urbains sur le site internet de la concertation : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/10/Classement-territoires-urbains.pdf

Il convient également d’ajouter que la comparaison entre territoires ne mentionne pas les différences de périmètre de collecte des déchets. De grandes disparités existent en effet sur l’application ou non d’un seuil d’exclusion du service public pour les professionnels qui produiraient des déchets en quantité importante. Pour rappel, la collectivité, si elle entend collecter les déchets d’activités économiques, doit se limiter aux déchets qui juridiquement peuvent être considérés comme des assimilés et doit fixer un seuil d’exclusion pouvant varier de 3 000 l/semaine à plus de 60 000 l/semaine suivant les territoires.

Avec un seuil d’exclusion du service publique de 67 300 litres/semaine sur le territoire de Limoges Métropole (jusqu’au 30 septembre 2023), ce sont environ 11 200 tonnes par an d’OMR produits par des professionnels qui sont collectés directement par le service public, soit environ 54 kg/hab/an. 

La métropole du Grand Besançon est souvent prise en exemple avec ses 141 kg/hab/an d’OMr en ayant instauré la tarification incitative sur son territoire depuis plus de 20 ans. On évoque moins souvent que le SYBERT, syndicat en charge du traitement des déchets de trois communautés membres dont le Grand Besançon, réceptionne sur son UVE près de 51 000 tonnes/an pour un bassin de population de 227 000 habitants, avec 24% d’apports de déchets non ménagers (déchets non collectés par le service public et donc non comptabilisés dans les ratios par habitant).

A noter que les performances sur les flux des DMA ne sont pas si éloignées entre le Grand Besançon et Limoges Métropole avec respectivement 463 et 488 kg/hab/an.

Limoges Métropole n’est pas encore passée à la tarification incitative car cela est plus difficile pour un territoire urbain : taux d’habitat collectif, quartiers prioritaires, population avec des revenus fiscaux faibles, turnover des locataires important, participation des grandes entreprises à la fiscalité…  En revanche, la collectivité déploie l’incitativité sous toutes ses formes à travers l’axe 5 de son nouveau programme local de prévention des déchets 2022-2027 :               

  • Extension de la collecte incitative dès le 1er juin 2023 (inversion des fréquences de collecte des bacs verts et des bacs bleus) 
  • Lancement d’une expérimentation de communication incitative pour 30 000 usagers en 2025 
  • Evaluation du déploiement des systèmes de gratification des gestes de tri (cliiink….) 
  • Révision du seuil d’exclusion de la collecte par le service public et instauration de tarifs de la redevance spéciale progressifs suivant les volumes produits 
  • Préparation des équipements de collecte à un éventuel passage en tarification incitative 

Concernant votre question sur la durée d’usage des produits, l’axe 4 du programme local de prévention des déchets concerne le réemploi, la réparation et le don à travers les trois actions suivantes : 

  • Collaboration avec les associations et les acteurs de l’économie sociale et solidaire 
  • Développement des zones de réemploi et de gratuité en déchèteries 
  • Favoriser le don, le partage et la réparation sous toutes ses formes pour tous les publics 

A titre d’exemple, cinq zones de réemploi et de gratuité existent déjà sur les cinq plus grandes déchèteries : 

  • Limoges : avenue du Président Kennedy,  
  • Limoges : rue Philippe Lebon  
  • Limoges : rue de Cavou ; 
  • Couzeix : 32 avenue Maryse Bastié ; 
  • Panazol : 11 route de la Planche d’Auze 

La thématique du réemploi et du consommer plus sobre est présente sur le site internet de Limoges Métropole :  

Chaque année, ce sont environ 400 foyers qui bénéficient des aides financières de Limoges Métropole en faveur de la prévention : remboursement poules et poulaillers, couches lavables,  composteurs en bois, lombricomposteurs, broyeurs de branches, participation à l’arrachage de haies de thuyas, cyprès et lauriers, participation à la plantation de haies diversifiées à pousses lentes…

Eliane DEFREMONT

Après lecture des questions et réponses des avis et contributions il ressort que la question du traitement des déchets se poursuit dans la bonne voie.

Mon bon sens personnel m’a fait agir naturellement depuis toujours pour économiser les déchets, et maintenant en accord avec la prise de conscience générale des communautés. Je ne sors mes poubelles que lorsqu’elles sont pleines, ce qui arrive environ toutes les 3 semaines, utilisant les déchets organiques pour le jardin via un compost naturel qui en fait est un simple trou au fond du jardin (comme le faisaient mon père et mon grand-père, pas besoin de fabriquer des composteurs pour les gens qui ont un jardin). D’ailleurs nous pourrions regarder en arrière et prendre en exemple nos anciens qui n’avaient pas les ramassages en nombre comme aujourd’hui. Néanmoins les déchetteries sont la belle création de notre époque, évitant ainsi les décharges sauvages.
Quant aux déchets papier, je vois une première solution qui serait d’interdire les publicités et sollicitations de tout genre qui remplissent nos poubelles souvent sans que les enveloppes aient été ouvertes.

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