Barrage Nature Environnement

Questions que posent la concertation sur la gestion des déchets en Haute-Vienne et en Creuse pour les trente prochaines années. 

1) En termes de prévention de production de déchets pour le Syded 87 et Évolis 23, comment explique-t-on que des objectifs de réduction soient fixés pour 2030 à 135 kg/an/hab et restent à cette valeur pour 2040 et 2050 ? Est-ce à dire qu’il n’y aura plus d’efforts de prévention à réaliser par ces entités après 2030, sachant que la dernière étude de caractérisation des déchets contenus dans une poubelle réalisée par Évolis23 détermine la masse de déchets résiduels à seulement 44kg/an/habitant et une étude de l’ADEME la situe à 64kg/an/habitant au niveau national ? 

L’Entente Intercommunale s’est fixée des objectifs ambitieux en matière de réduction des déchets pour 2030, en accord avec les politiques de prévention portées par les trois structures : il s’agit de diminuer de 90 kg par habitant et par an la production de déchets entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un ratio de 154 kg par habitant à cet horizon. 

L’hypothèse d’un maintien d’une performance à 135 kg pour Evolis 23 et Syded 87 en 2040 et 2050 repose sur une prévision qualitative de la poursuite d’efforts de préventions compensés négativement par un « relâchement » des bonnes pratiques des usagers en tarification incitative.

A ce stade et cette échelle de temps (2040 et 2050), les projections restent toutefois hasardeuses et les effets bénéfiques attendus par la mise en place de nouvelles REP par exemple ou des améliorations de comportements de certains usagers sont susceptibles d’être contrebalancées par le « relâchement » d’autres usagers, phénomène déjà constaté sur des territoires en tarification incitative depuis plusieurs années (cf extrait étude ADEME les grands enseignements du bilan des collectivités en TI, bureaux d’études associés Rudologia, CITEXIA, AJDB). 

Par ailleurs, quand bien même la quantité de déchets résiduels est estimée selon les sources citées entre 44 et 64 kg/an/habitant, force est de constater qu’aucune collectivité en France, quelle que soit sa nature (urbaine, rurale, mixte), n’arrive à sortir 100% des autres déchets valorisables et recyclables, loin de là.

2) Quelles raisons expliquent le fait que certaines communautés urbaines semblables à celle de Limoges ont déjà atteint en 2020 des productions d’ordures ménagères résiduelles proches des objectifs que Limoges se fixe pour 2030 (Angers Loire Métropole 177 kg/hab/an ; Grand Poitiers 197 kg/hab/an ; Arras 185 kg/an/hab) contre 219 kg/an/hab pour l’agglomération de Limoges ? 

Limoges Métropole s’est fixé un objectif à 180 kilos pour 2030 (c’est-à-dire un effort de 39 kg par rapport au ratio de 219 kg/hab/an de 2019). Ce seuil de 180 kg/hab/an correspond à la moyenne des quelques territoires urbains s’étant engagés dans une tarification incitative.  

A titre de comparaison, la moyenne française des territoires urbains était de 263 kg par habitant en 2019, ce qui place Limoges Métropole, avec ses 219 kg/hba/an, en 24ième position sur 102 par rapport aux autres territoires semblables. Vous pourrez retrouver le classement des territoires urbains sur le site internet de la concertation : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/10/Classement-territoires-urbains.pdf 

Outre le taux d’habitat collectif, contrainte intangible pouvant expliquer certaines disparités de performances, il convient également d’ajouter que la comparaison entre territoires ne mentionne pas les différences de périmètre de collecte des déchets. De grandes disparités existent en effet sur l’application ou non d’un seuil d’exclusion du service public pour les professionnels qui produiraient des déchets en quantité importante. Pour rappel, la collectivité, si elle entend collecter les déchets d’activités économiques, doit se limiter aux déchets qui juridiquement peuvent être considérés comme des assimilés et doit fixer un seuil d’exclusion pouvant varier de 3 000 l/semaine à plus de 60 000 l/semaine suivant les territoires.

A ce jour, Limoges Métropole a fixé un seuil d’exclusion auprès des commerçants et entreprises à 60 000 l/semaine. Ce seuil n’exclut à ce jour aucun professionnel mais contraint très légèrement les sites du CHU sur la commune de Limoges.

3) Pour quelles raisons la communauté urbaine de Limoges ne prévoit-elle pas de passer en tarification incitative avant la construction d’un nouvel incinérateur ? 

Limoges Métropole n’est pas encore passée à la tarification incitative car cela est plus difficile pour un territoire urbain : taux d’habitat collectif, quartiers prioritaires, population avec des revenus fiscaux faibles, turnover des locataires important, participation des grandes entreprises à la fiscalité…  En revanche, la collectivité déploie l’incitativité sous toutes ses formes à travers l’axe 5 de son nouveau programme local de prévention des déchets 2022-2027 :

  • Extension de la collecte incitative dès le 1er juin 2023 (inversion des fréquences de collecte des bacs verts et des bacs bleus)
  • Lancement d’une expérimentation de communication incitative pour 30 000 usagers en 2025
  • Evaluation du déploiement des systèmes de gratification des gestes de tri (cliiink….)
  • Révision du seuil d’exclusion de la collecte par le service public et instauration de tarifs de la redevance spéciale progressifs suivant les volumes produits
  • Préparation des équipements de collecte à un éventuel passage en tarification incitative

En complément de cet axe 5, le nouveau programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés 2022-2027 (PLPDMA) de Limoges Métropole intègre 6 autres axes de travail :

Axe 1 : lutte contre le gaspillage alimentaire

Axe 2 : tri à la source des biodéchets sous toutes ses formes

Axe 3 : valorisation in situ des végétaux

Axe 4 : réemploi, réparation et don

Axe 6 : accompagnement de tous les publics vers une consommation plus sobre et plus responsable

Axe 7 : soutien aux initiatives locales en faveur de l’économie circulaire

4) Quelles raisons empêchent la communauté urbaine de Limoges d’introduire une part incitative dans la taxe d’enlèvement des ordures ménagères sur les communes dites « rurales ou pavillonnaires » de son territoire, de façon dérogatoire pendant 7 ans ? 

Comme mentionné dans la question, le délai dérogatoire de 7 ans implique que l’harmonisation du mode de financement sur l’ensemble du territoire s’opère à l’issue de la période dérogatoire : retour à la TEOM pour les 20 communes ou passage à la TEOM incitative pour les 20 communes. La réussite sur une ville dense comme Limoges (63% en population et 70% en nombre de résidences sur le territoire de Limoges Métropole) n’est pas à ce jour assurée : majorité d’occupants non propriétaires, producteurs de déchets facturés indirectement, chômage et précarité plus ou moins importante suivant les quartiers, public plus ou moins sensible aux problèmes d’environnement, acceptabilité des dispositifs de contrôle d’accès et de comptabilisation des apports….

Une alternative plus facile et moins couteuse à déployer a été choisie à travers notamment l’inversion des fréquences de collecte pour des résultats similaires dès la première année, à savoir :

  • Chaptelat : passage de 168 à 125 kg/hab/an en OMr (-43 kg) 
  • Zone 1 (Landouge) : passage de 182 kg/hab/an à 161 kg/hab/an (-21 kg)

Limoges Métropole sera attentive aux territoires urbains qui font le choix de phaser leur déploiement comme Versailles Grand Parc ou Annecy Métropole.

5) Pour la communauté urbaine de Limoges, une étude de mise en place de tarification incitative ne pourrait-elle pas être réalisée afin d’étayer un scénario alternatif sur les capacités d’incinération du nouvel incinérateur ? 

Limoges Métropole a réalisé une étude sur la tarification incitative en 2014 et l’a remise à jour en 2021. Limoges Métropole s’est fixé un objectif à 180 kilos pour 2030, seuil correspondant à la moyenne des quelques territoires urbains engagés dans une tarification incitative.  Si l’ambition des programmes de prévention des déchets est en effet une donnée d’entrée pour le dimensionnement d’un outil de traitement, l’évolution démographique, le périmètre géographique concerné et l’apport des tonnages tiers en sont d’autres. 

Sur ce dernier critère, l’exemple de Besançon est intéressant. La métropole du Grand Besançon est souvent prise en exemple avec ses 141 kg/hab/an d’OMr en ayant instauré d’abords une REOM (Redevance d’Enlèvement des Ordures Ménagères) il y a 20 ans puis la tarification incitative sur son territoire. On évoque moins souvent que le SYBERT, syndicat en charge du traitement des déchets de trois communautés membres dont le Grand Besançon, réceptionne sur son UVE près de 51 000 tonnes/an pour un bassin de population de 227 000 habitants, avec 24% d’apports de déchets non ménagers. Ces apports de déchets d’activité économiques ne sont pas collectés par le service public (et donc non comptabilisés dans les ratios par habitant) mais sont tout de même produits et traités. A titre de comparaison, dans le cadre du scénario dit préférentiel, l’apport des déchets non ménagers (DAE – 11 000 t/an) et de Dasri banalisés (2 500 t/an) représenterait 12,6% des tonnages entrants.

6) Le coût global estimé dans l’hypothèse de création d’une nouvelle unité de valorisation énergétique et incluant le démantèlement de l’usine s’élèverait à 158,5 M€ sur les trente prochaines années. Quels sont les montants prévisionnels pour les années à venir concernant la prévention et la réutilisation pour chaque entité de l’Entente ? Quelle proportion de dépense la prévention de déchets représente-elle par rapport au coût global du service public de gestion des déchets pour les trois entités de l’Entente ? 

Sur l’exercice 2021, pour Evolis 23, les dépenses de prévention s’élèvent à 130 k€ soit 2€ par habitant, et donc près de de 2% du cout global du service. Les dépenses relatives au fonctionnement de la tarification incitative, premier levier de la réduction n’apparaissent toutefois pas sur cette ligne mais sont constituées majoritairement de surcouts de précollecte, collecte communication et charges de structure. 

Concernant les coûts de prévention associés à Limoges Métropole, le tableau suivant reprend les dépenses annuelles dites continues depuis les dernières années ainsi que les dépenses particulières à venir sur la période 2023-2029 dans le cadre notamment du nouveau marché de collecte. Ce sera 1,1 M€/an déployé pour la période 2023-2030, soit 5,35 €/habitant/an dédié à la prévention.

Coûts associés à la prévention pour Limoges Métropole
Dépenses de fonctionnement en continue €/an
Agents 300 000
Subventions aux particuliers 75 000
Compostage collectif et broyage 150 000
Fournitures divers 50 000
Sensibilisation diverse  25 000
€/an
Investissement annuel (composteurs, broyeurs, bacs pucés) 450 000
Dépenses de fonctionnement spécifiques au nouveau marché de collecte sur 7 ans €/7 ans
Campagne  de distribution des kits biodéchets 215 000
Test communication incitative 100 000
Communication inversion des fréquences de collecte 30 000
Application Trizzy 110 000
Sensibilisation avec Terra Vox sur quartiers prioritaires 245 000
Sensibilisation avec Waterfamily 45 000
Streetmarketing  41 000
Actions contre le gaspillage alimentaire 80 000
Sensibilisation milieu scolaire et stand 180 000
Inversion des fréquences de collecte (surcoût collecte en C1 DR) 6 300 000

Sur l’exercice 2021, pour le Syded 87, les dépenses de prévention s’élèvent en fonctionnement et en investissement à 523 k€. Il convient d’y ajouter les dépenses en termes d’animation territoriale et de communication qui ont pour but d’informer, sensibiliser et former à la réduction et la prévention des déchets pour un budget de 240 K€. Cela représente ainsi un budget global de 763 K€, soit environ 4,58 € par habitant à l’année. 

Enfin, quand bien même la prévention fait partie des axes forts d’action des membres l’Entente, il est illusoire de comparer des dépenses de traitement engagées pour faire face à une obligation de gestion de tonnages immédiats et des dépenses de prévention engagées pour éviter des tonnages futurs et plus aléatoires.

7) Comment est prise en compte la création de nouvelles filières de responsabilité élargie (articles de sport et de loisir, de bricolage et de jardin (2022), textiles sanitaires à usages uniques (2024)) dans la diminution de production d’ordures ménagères résiduelles ? 

De manière générale, les objectifs de production d’OMr par habitant fixés par les trois structures de l’Entente pour les prochaines décennies intègrent non seulement les actions proactives de prévention, mais aussi les évolutions de la réglementation dans la mesure du possible. 

Pour rappel, le dispositif des Responsabilité Elargie du producteur (REP) a pour objectif d’agir sur l’ensemble du cycle de vie des produits : 

  • l’éco-conception des produits, 
  • la prévention des déchets, 
  • l’allongement de la durée d’usage, 
  • la gestion de fin de vie.

L’obligation de REP implique aux metteurs sur le marché d’adhérer à un éco-organisme, de lui verser in fine une contribution financière pour la prévention et la gestion des déchets issus de ces produits.

Les filières des articles de sport, de loisir, de bricolage et de jardin seront déployées sur les déchèteries des trois structures dans les mois qui arrivent et auront principalement un impact sur le flux « encombrants non valorisables » mais pas sur le volume collecté des Ordures Ménagères Résiduelles. Suivant les agréments, les sous-familles des flux concernés et la taille disponible sur les déchèteries, deux types de solutions sont offertes aux collectivités : soutien financier (objets orientés vers les filières existantes sur les déchèteries sans changement par rapport à la situation actuelle) ou soutien opérationnel avec prise en charge des tonnages directement par les éco-organismes (objets orientés vers de nouveaux contenants spécifiques puis collectés, triés et valorisés vers des filières commanditées par les éco-organismes directement). 

Concernant la REP « textiles sanitaires » pour 2024, le cahier des charges des pouvoirs publics n’est pas paru et les collectivités ne disposent pas d’information à ce jour sur les modalités d’application qui prendra vraisemblablement la forme de soutien financier.

La liste des REP existants et à venir est présente sur le document suivant :

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Source : Ademe

8) Quels que soient les scénarios développés par l’étude prospective transition 2050 de l’ADEME, il est prévu une baisse de 70% des flux destinés à l’incinération, est-il tenu compte de ces perspectives dans les scénarios de la concertation ? Ou les capacités d’incinération prévues pour les échéances 2030, 2040 et 2050 prennent-elles en compte les effets des mises en œuvre des lois sur la transition énergétique, sur la stratégie nationale bas carbone et sur l’économie circulaire ? 

L’étude prospective transition 2050 de l’Ademe décrit quatre chemins pour atteindre la neutralité carbone en 2050 :

Scénario 1 : Génération frugale

Scénario 2 : Coopérations territoriales

Scénario 3 : Technologies vertes

Scénario 4 : Pari réparateur

En page 564 de ce document, est présentée l’évolution des ordures ménagères résiduelles entre 2015 et 2050 : 

OMr (2015-2050)
Scénario 1 -50%
Scénario 2 -45%
Scénario 3 -8%
Scénario 4 1%

En reprenant les hypothèses du scénario dit préférentiel et des résultats obtenus en 2050, le calcul conduit à -33% sur le territoire de l’Entente et intègre par conséquent la stratégie nationale bas carbone et la nécessaire transition énergétique à déployer.

Gisement kg/hab/an 2015 2050 2015-2050
LM 228 170 -25%
Syded 87 220 135 -39%
Evolis 23 213 135 -37%
Moyenne pondérée 223 150 -33%

Dans le cadre de ce travail d’anticipation, des réductions de capacité d’incinération sont indiqués en page 564 et en page 573 avec des chiffres différents : de -55 % à 72% suivant les scénarios et les pages. Il convient de noter que le recours à la production de combustibles solide de récupération (CSR) serait quant à elle multiplié par des facteurs de + 1540 à + 7020% suivant les scénarios.  Aucun élément permet de comprendre et justifier le lien entre la production d’OMr projetée et la corrélation avec les capacités de traitement annoncées. Ce travail n’a malheureusement pas donné lieu à échange avec les représentants des métiers de la profession (FNADE, SN2E…) et les représentants des collectivités (Amorce, AMF…). Un certain nombre de données interroge la profession.

Il convient également de préciser que le traitement des déchets au sens large du terme (stockage des déchets, valorisation énergétique des déchets, incinération sans récupération d’énergie, autres traitements des déchets solides et traitement des eaux usées) en France contribue, selon l’inventaire du CITEPA, à hauteur de 5% des émissions des gaz à effet de serre dont 55% provient des émanations de méthane des centres d’enfouissement. 

9) Les collectivités de l’Entente soutiennent-elles l’écologie industrielle et territoriale prévue dans la loi AGEC ? Si oui, avec quels objectifs ? 

Le projet de territoire de Limoges Métropole a pour ambition n°1 une dynamique pour de nouveaux échanges économiques. L’action 6 de cette ambition se traduit par l’encouragement des initiatives innovantes dans tous les cycles vertueux d’économie et fait donc référence à l’économie circulaire. Une attention particulière sera portée aux porteurs de projet du territoire développant des projets permettant de limiter les déchets. Quelques projets sont actuellement suivis à titre d’exemple :

  • Retour à la consigne du verre, 
  • Bière faite à partir de pain recyclé, 
  • Incitativité financière sur les déchets d’équipement électriques et électroniques pour leur donner une 2nde vie,
  • Création de basket à partir de cuir recyclé en circuit court,
  • Réflexion sur le reconditionnement de matelas,
  • Filière de 2nde vie du matériel médical,
  • Implantation de plateformes EC3 (économie circulaire de la construction en Creuse)

Le Syded 87 a validé le 30 juin dernier un projet de territoire prospectif « SYDED 2035 » axé sur le développement de l’économie circulaire. Ainsi, le syndicat s’engage dans un changement majeur concernant la vision et la gestion des déchets, en opérant un positionnement sur l’économie circulaire pour répondre aux enjeux actuels d’économie des ressources naturelles, de développement local source de création d’emplois de proximité et de maîtrise des coûts. L’écologie industrielle et territoriale fait donc partie intégrante des dynamiques qui seront lancées sur le territoire du Syded 87 dès 2023. 

10) Pour une consommation responsable, les collectivités de l’Entente prévoient-elles de limiter les dispositifs publicitaires et de revoir leurs taxes locales sur la publicité extérieure ? 

Cette action n’entre pas dans le champ de compétences des membres de l’entente. Il conviendrait de relayer cette question aux communes afin qu’elles puissent répondre directement à cette sollicitation. 

11) Quels sont les actions ou dispositifs prévus par les collectivités de l’Entente pour augmenter la durée d’usage de produits par les consommateurs ? Pour quels impacts sur la production de déchets ? 

Concernant l’augmentation de la durée d’usage des produits, cet enjeu est intégré dans les programmes locaux de prévention des déchets de chacune des trois structures de l’Entente avec un travail autour du réemploi, de la réparation et du don à travers par exemple les actions suivantes :

  • Collaboration avec les associations et les acteurs de l’économie sociale et solidaire
  • Développement des zones de réemploi et de gratuité en déchèteries
  • Favoriser le don, le partage et la réparation sous toutes ses formes pour tous les publics

Ces actions auront notamment un impact sur les flux dits occasionnels collectés en déchèterie : mobilier, objet électrique et électronique, textiles, jeux et jouets… 

Il convient également de rappeler que la gestion des déchets est une chaîne de responsabilité élargie entre les producteurs (l’émetteur sur le marché), les consommateurs et les collectivités en charge de la compétence déchets. Ces dernières interviennent principalement en bout de chaîne et gèrent les déchets qui sont mis sur le marché par d’autres.

Concernant les émetteurs sur le marché, la réglementation nationale visant à les contraindre est très récente. En effet, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) date du 11 février 2020 et vise à substituer progressivement l’une économie linéaire fondée sur le triptyque « fabriquer, conserver, jeter », à celle de l’économie circulaire. Elle repose sur toute une série de mesures qui ont vocation à entrer progressivement en vigueur et qui, dans leur ensemble, visent à lutter contre le gaspillage et l’obsolescence programmée, ainsi qu’à favoriser le réemploi.

En particulier, le dispositif de Responsabilité Elargie du Producteur (REP) a été mis en place en France depuis de nombreuses années. S’il a d’abord été utilisé pour financer le tri et le recyclage, il continue de se déployer sur différents flux de produits de consommation (sous l’impulsion de la loi AGEC) avec un axe réparation et réemploi clairement imposé. 

12) Quelle est l’opportunité d’implanter un incinérateur de déchets qui produit des rejets toxiques, d’où son classement en installation classée pour la protection de l’environnement, dans une zone d’habitation accueillant aussi des crèches, écoles, collèges et lycées dans un rayon de 2 km autour de l’installation ? 

La question posée induit un lien entre installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) et rejets toxiques. Dans le domaine des déchets, à titre d’exemple, les déchèteries, les centres de tri ou les quais de transfert sont tous des ICPE.  

Pour ce qui concerne les scénarios de localisation, sachez qu’une méthodologie a été mise en place par l’Entente Intercommunale pour réfléchir au meilleur lieu d’implantation. Elle a reposé sur l’analyse croisée de 4 lieux potentiels (emplacement en contre-bas de l’actuelle CEDLM ; Angernaud Le Palais Sur Vienne ; Zone Nord Limoges Rue Giffard ; et Limoges, centre de recyclage, Beaune les Mines)) à travers 26 critères (infrastructure, environnement, distance aux habitations, investissement, barycentre de production des déchets…). La densité de population dans un rayon de 500m, 1 km et 2 km apparaissent dans cette grille de lecture pour les quatre implantations étudiées. L’analyse globale a conduit l’Entente Intercommunale à considérer que l’implantation d’une nouvelle unité de valorisation énergétique sur le site de l’actuelle Centrale énergie déchets pourrait être la solution la plus appropriée.  Vous trouverez tous les détails de cette analyse et ses conclusions à partir de la page 49 du dossier de concertation : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/09/Dossier_concertation_web.pdf  

13) Parmi le millier de molécules qui sortent de la cheminée de l’incinérateur, comment sont pris en compte les effets sanitaires et environnementaux des molécules non contrôlées dans les rejets gazeux de l’incinérateur actuel et à venir, comme les particules ultrafines (>0,1 micron) ou les dioxines et furannes bromés ? 

17) Comment sont prises en compte les molécules émises par l’incinérateur connues pour être des perturbateurs endocriniens (mercure, plomb, cadmium, PCB, dioxines bromées PBDD/F) qui ne tolèrent aucun seuil autre que zéro, car leur toxicité est relative à la période d’exposition (grossesse, puberté…), à l’effet cocktail démultipliant les effets avec une latence importante entre l’exposition et les effets (plusieurs dizaines d’années) et des effets transgénérationnels avérés ? 

Tout d’abord, il est important de signaler que la réglementation sur les déchets a significativement évolué ces dernières décennies avec une diminution très significative par exemple des émissions de particules de -97,1 % et des dioxines de – 99,9%. Sur les particules, les 10 champs d’activités* couvrant l’incinération représentent seulement 0,02 % des émissions en France et 1,30 % pour les dioxines furanes. 

Pour ce qui concerne le suivi particulier des particules ultrafines, il faudra déployer des méthodes d’analyse suffisamment standardisées et viables qui n’existent pas encore sur le marché. C’est un sujet d’actualité qui pourrait émerger dans les prochaines années dans le cadre de l’amélioration continue et du principe de précaution impulsé par la directive européenne relative aux émissions industrielles appelée IED et se traduisant par le déploiement régulier des meilleures techniques disponibles sur les installations concernées.  

Concernant les dioxines et furannes bromés (PBDD/F), leur structure est semblable aux dioxines et furanes chlorés mais les atomes de chlore sont remplacés par des atomes de brome. Ils forment également une famille dont le nombre est identique aux dioxines et furanes chlorés. Contrairement à leur homologues chlorés, la connaissance de ces polluants n’est pas encore aboutie. Les études menées dernièrement ont toutefois permis de mettre en avant des similitudes dans la structure chimique avec les PCDD/F. La source principale de brome dans les déchets est issue des retardateurs de flamme bromés (RFB) utilisés pour les applications suivantes : équipements électriques et électroniques, bâtiment et construction, transport et textile. Le brome peut être également utilisé en applications industrielles sous forme de bromure d’hydrogène ou en intermédiaire de fabrication des produits agrochimiques et pharmaceutiques. A l’instar des PCDD/F, les PBDD/F se forment essentiellement par combustion : incinérateurs, installations de frittage et fonte de métaux utilisant une part de métaux recyclés, feux incendies accidentels domestiques ou industriels (combustion de plastiques, déchets électroniques…), secteur du recyclage de plastiques et de matériaux électroniques… 

Des études complémentaires ont commencé à se développer afin d’approfondir les connaissances sur ces composés. Une première base de données sur le contenu en dioxines et furanes bromés dans les rejets atmosphériques des unités d’incinération des ordures ménagères a dernièrement été constitué. L’efficacité des systèmes de traitement des fumées actuels sur l’abattement de ces polluants a également été vérifié. Une campagne de prélèvements et de mesures a ainsi été réalisée à l’émission de 14 incinérateurs de déchets non dangereux en fin d’année 2017 (27 mesurages au total). Les teneurs en dioxines-furanes chlorés, bromés et les polychlorobiphényles de type dioxines (PCB-DL) ont été évaluées. Les résultats obtenus ont mis en évidence que les teneurs en équivalent toxique sont toutes inférieures à 0,01 ng I.TEQ/Nm3 à 11% d’O2 à l’exception d’une valeur.

L’arrêté du 12 janvier 2021, relatif aux meilleures techniques disponibles applicables aux installations d’incinération de déchets, intègre de nouvelles mesures à mettre en œuvre au plus tard en décembre 2023 concernant :

  • les dioxines bromés et les furannes bromés (PBDD/PBDF – Polybromodibenzo-p-dioxines/furannes) une fois par semestre,
  • les PCB (polychlorobiphényles) de type dioxines tous les mois, puis tous les 6 mois puis tous les 2 ans suivant résultat,
  • Le Benzo(a)pyrène une fois par an.

A titre d’information, ces mesures sont d’ores et déjà réalisées sur la CEDLM depuis le 2nd semestre 2020 et semblent démontrer que les niveaux d’émissions sont stables au sens de la définition réglementaire pour les PCB.

PCB « type dioxine » en I-TEQ ng/ m0 3
Ligne 1 Ligne 2 Ligne 3
nov-20 0,0018 0,0071 0,0001
avr-21 0,00237 0,0061 0,0003
oct-21 0,00012 0,0042 0,0149

Les métaux lourds sont également suivis dans le cadre de la réglementation, aussi bien en sorties de cheminée que dans le cadre du plan de surveillance aux fréquences suivantes :

  • Suivi en continu du mercure 24h/24h en sorties de cheminée (depuis le 2nd semestre 2020 à la CEDLM – réglementation applicable au 3 décembre 2023)
  • Suivi semestriel en sorties de cheminée par un organisme agréé : arsenic, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, manganèse, nickel, plomb, antimoine, sélénium, étain, tellure, thallium, vanadium, zinc et mercure.
  • Suivi annuel des retombées atmosphériques des 6 points référencés au plan de surveillance dans l’environnement : arsenic, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, manganèse, nickel, plomb, antimoine, thallium, vanadium et mercure
  • Suivi annuel en air ambiant du point référencé au plan de surveillance dans l’environnement : arsenic, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, manganèse, nickel, plomb, antimoine, thallium, vanadium et mercure

A titre d’exemple dans le cadre du plan de surveillance 2021, le site « SEHV » proche de la CEDLM et exposé 44% du temps aux vents en provenance de celle-ci présentait des concentrations en métaux lourds similaires, voire inférieures aux autres sites moins exposés aux vents de la CEDLM et/ou plus éloignés de celle-ci.  Les concentrations mesurées dans l’air ambiant sur le site « SEHV » étaient largement inférieures aux valeurs réglementaires pour les 4 polluants concernés.

Dans le cadre du projet, la combustion à plus de 850 °C pendant plus de 3 secondes serait associée à un traitement de fumées en 3 étapes et incluant une double filtration.  Cette technologie plus récentes et toujours plus performantes permettant de respecter une réglementation plus stricte sur la qualité des rejets. Ainsi, les niveaux des valeurs limites d’émission des polluants en sortie de cheminée seraient abaissés aux niveaux des valeurs basses des recommandations européennes. Vous retrouverez plus de détail en pages 78 et 79 du dossier de concertation.

Si des études nationales concernant de nouvelles méthodologies analytiques étaient lancées sur de tels sujets, l’Entente pourrait se porter volontaire pour tester des méthodes de mesure…

14) Quels sont les effets sanitaires du cocktail de molécules contrôlées qui respectent individuellement les seuils d’émission ? 

L’évaluation des risques sanitaires prend en compte les polluants émis par l’installation conformément à la réglementation et aux guides méthodologiques en vigueur au moment du dépôt du dossier de demande d’autorisation. Il n’est pas possible d’anticiper l’évolution de la réglementation ou des connaissances. Néanmoins, l’incinération est un procédé éprouvé et contrôlé. Les rejets des installations existantes sont suivis et de nombreuses études bibliographiques existent et permettent de connaitre leurs émissions. La réglementation évolue ainsi pour tenir compte de l’évolution des connaissances.

Cette étude comprend une modélisation prédictive de la dispersion des fumées traitées et un calcul de risque est réalisé pour chaque molécule individuellement et par cumul pour l’ensemble des molécules agissant sur un même organe (se rapprochant de la motion de cocktail évoqué dans la question). Ces évaluations des risques sanitaires intègrent des scénarios d’ingestion de produits (voir de terre) et d’inhalation de l’air par des habitants sur des périodes de 70 ans en considérant les rejets aux valeurs réglementaires maximisant les résultats.

Les résultats de ces simulations complexes doivent bien évidement respecter tous les seuils de recommandation de l’OMS pour garantir la protection de la santé des usagers.

15) Comment sont pris en compte les effets sanitaires et environnementaux des émissions de molécules toxiques et ceux du bruit du trafic routier de l’autoroute A20 additionnés à ceux de l’incinérateur pour les riverains ? 

Dans le cadre des mesures environnementales réalisées autour du site, toutes les émissions et les molécules présentes sont mesurées. Cela permet d’inclure toutes les sources d’émissions de dioxines et de métaux à proximité et donc d’inclure en quelque sorte le cocktail de tous les « contributeurs ». Les mesures associées au plan de surveillance de la CEDLM font apparaître des données basses et constantes systématiquement inférieures aux seuils de la réglementation. 

ATMO Nouvelle-Aquitaine qui réalise le suivi de la qualité de l’air sur le territoire a des outils permettant d’agréger l’ensemble des données issues des mesures pour modéliser le territoire et obtenir une vision globale (cela inclut tous les secteurs d’activité, par exemple sur les dioxines furanes, cela ne concerne pas que l’incinérateur et cela inclue notamment le trafic routier).

Comme indiqué dans une présente réponse, la station à proximité de la CEDLM pilotée par Atmo Nouvelle Aquitaine et mesurant en continu les particules fines démontre que les valeurs sont inférieures aux objectifs de qualité et aux seuils limites. Pour aller plus loin, cette station présente en 2021 les meilleurs résultats des 5 stations disposées en Haute-Vienne.

16) Existe-t-il des contrôles de lixiviation des mâchefers qui sont utilisés en sous-couche routière après leur mise en œuvre ? 

La réglementation actuelle concernant les mâchefers a été mise en place suite aux engagements du Grenelle visant à renforcer le cadre du recyclage des mâchefers et à apporter de nouvelles garanties d’acceptabilité environnementale. Elle s’appuie sur :

 – L’arrêté du 18 novembre 2011 relatif au recyclage en technique routière des MIDND, qui fixe les conditions dans lesquelles les mâchefers peuvent être recyclés en technique routière, ainsi qu’un guide d’application SETRA (Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements, aujourd’hui partie intégrante du CEREMA) dédié aux MIDND publié en octobre 2012. 

– Un décret (Décret n°2011-767 du 28 juin 2011) et un arrêté (Arrêté du 25 juillet 2011) qui précisent les conditions dans lesquelles les mâchefers sont considérés comme non recyclables et peuvent donc être envoyés en ISDND sans payer de Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP). 

Ces textes s’appuient sur un guide SETRA dit ‘père’ publié en mars 2011 sur l’Acceptabilité de matériaux alternatifs en technique routière. Dans ce guide est définie une démarche d’évaluation de l’acceptabilité environnementale de matériaux alternatifs élaborés à partir de déchets, quelle que soit leur origine, et destinés à être utilisés en technique routière.

L’arrêté du 18 novembre 2011 a renforcé les seuils d’acceptabilité et a introduit des contraintes supplémentaires à celles de la réglementation antérieure à savoir la circulaire du 9 mai 1994 (restriction des utilisations possibles, ajout de nouveaux paramètres à analyser et durcissement des seuils)

La maturation des mâchefers consiste en un ensemble de réactions physico-chimiques reposant principalement sur une carbonatation de la chaux par le dioxyde de carbone atmosphérique, ainsi qu’une minéralisation des composés chimiques, instables en sortie de l’incinération. Ces mécanismes de maturation permettent de baisser le potentiel d’hydrogène (pH) du matériau et, par voie de conséquence, de réduire son potentiel polluant en rendant insolubles les hydroxydes de la plus grande partie des métaux lourds. Ils permettent également au matériau d’acquérir en fin de maturation des caractéristiques géotechniques et environnementales stables. Cette phase de maturation est de l’ordre de 1 à 12 mois selon les conditions d’échange physico-chimique avec l’air ambiant.

Les mâchefers ne sont utilisés en sous couche routière que s’ils répondent à des critères précis garantissant leur compatibilité avec cet usage. Chaque lot est soumis à l’étude du comportement à la lixiviation et à l’évaluation de la teneur intrinsèque en éléments polluants et compare les résultats obtenus avec les valeurs réglementaires. La teneur intrinsèque en éléments polluants (COT, BTEX, 7 congénères PCB, Hydrocarbures, HAP et dioxines et furannes) est évaluée sur la base des résultats d’une analyse en contenu total menée sur un échantillon représentatif du lot de mâchefer élaboré à caractériser. Le comportement à la lixiviation est évalué sur la base des résultats d’un essai de lixiviation mené conformément à la norme NF EN 12457-2 [1] sur un échantillon représentatif du lot de mâchefer après maturation et avant mise en œuvre en sous-couche routière. Les paramètres analysés sont les suivants : arsenic, barym, cadmium, chrome, cuivre, mercure, molybdène, nickel, plomb, antimoine, sélénium, zinc, fluorures, chlorures et sulfates.

La réglementation actuelle ne prévoit pas de contrôle de lixiviation des mâchefers après mise en œuvre.

18) Lors de l’atelier du 4 octobre 2022 à Panazol, relatif aux enjeux sanitaires et environnementaux, nous avons noté la présence et la participation en tribune des représentants de la DREAL, de ATMO Nouvelle-Aquitaine et d’une société privée d’évaluation des risques environnementaux ainsi que des représentantes de l’ARS aux tables rondes. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu de médecins ou toxicologues pour renseigner le public sur la toxicité et les effets des molécules émises par les procédés d’incinération ? 

Marine Saint-Denis est Docteur en Écotoxicologie et est spécialisée dans la surveillance des sites concernés par le traitement des déchets. Elle a ainsi pu présenter des éléments sur des études toxicologiques liés aux enjeux sanitaires des sites de traitement des déchets et répondre au public sur ces questions. Les représentantes de l’ARS également présentes ont pu aussi rappeler le rôle de l’État sur les questions de santé publique, en particulier autour des installations classées pour la protection de l’environnement. 

19) Dans l’optique d’un scénario alternatif avec objectif prioritaire de réduction des déchets ménagers et assimilés, déclinant toute la hiérarchie des modes de traitement des déchets, quels pourraient-être les objectifs des programmes de prévention des déchets sur les territoires de l’Entente : 

Quelles seront les actions de prévention pour accompagner les ménages et les entreprises ? Comment la toxicité des déchets sera-t-elle réduite ? Comment sera déployée la tarification incitative et pour quelles échéances ? Comment seront intégrés les objectifs de l’économie circulaire ? 

Comment seront soutenues ou développées les filières de réparation ou de réemploi ? Quels seront les objectifs associés à la mise en place des nouvelles filières REP ? Quelles seront les actions de mobilisation des acteurs économiques locaux et nationaux dans le partage des responsabilités et des coûts de ces filières ? Quel serait le soutien aux entreprises d’économie solidaire et sociale proposant des services de gestion des déchets ? Quels seront les objectifs de recyclage à échéance 2030, 2040 et 2050 pour les papiers, les emballages (cartons, métaux, verre, certains plastiques), les déchets d’équipements électriques et électroniques, les textiles, les meubles, les piles, les jouets, les articles de sport, de bricolage… ? Quels seront les objectifs de tri des recyclables et les modes de collecte associée ? 

Quelles seront les actions d’accompagnement des ménages et des entreprises dans les pratiques du tri et les objectifs de réduction des refus de tri ?
Quels seront les objectifs de valorisation des déchets organiques à échéance 2030, 2040 et 2050 (biodéchets alimentaires et déchets de jardin), les types de collectes envisagées et les procédés de traitement (compostage individuel et/ou industriel, méthanisation) ?
 

Ces dernières questions interrogent globalement la conduite des politiques publiques menées sur les déchets.

De manière plus générale, la politique déchets des collectivités membres de l’Entente s’attache à appliquer la hiérarchie réglementaire des normes (pyramide inversée) en poursuivant des efforts de prévention, privilégiant ensuite réemploi et réutilisation, puis le recyclage matière ou le retour au sol et enfin la valorisation énergétique tout en réduisant au maximum le recours à l’enfouissement.

La définition d’objectifs chiffrés et d’actions précises à 2040 ou 2050 ne serait pas suffisamment réaliste. La complexité mais également l’intérêt de la compétence déchets réside dans la conduite d’une politique publique faisant intervenir une multitude de facteurs :

– chaîne de responsabilité partagée entre les producteurs, les consommateurs et les collectivités,

– lien étroit entre développement économique, croissance économique et consommation,

– cadre réglementaire fluctuant et en perpétuelle évolution,

– enjeux sociologiques, rapport au déchet unique pour chaque citoyen, changement de comportement de masse…

– enjeux financiers, enjeux techniques, enjeux managériaux…

Ainsi, s’il est essentiel de disposer d’une stratégie sur le moyen terme et d’anticiper les grandes évolutions sur le long terme, il convient également à chaque structure de faire preuve de flexibilité et de disposer d’un grand sens d’adaptation. C’est notamment pour cela que les PLPDMA sont définis pour une durée de 6 ans et permettent aux décideurs de renouveler régulièrement leurs ambitions et leurs objectifs. Il convient également de rappeler qu’un changement consensuel et acceptable par tous prend nécessairement du temps. 

La réflexion sur l’avenir du traitement des déchets entreprise par l’Entente Intercommunale fixe la prévention comme première priorité pour la gestion des déchets. Cette priorité s’inscrit dans le contexte réglementaire et les objectifs importants fixés au niveau national et régional (hiérarchie des modes de traitement, loi AGEC, SRADDET Nouvelle Aquitaine, PRGPD…). Les trois structures combinent ainsi une dynamique collective en faveur de la réduction des déchets. 

 

Voir la pièce jointe qui comporte les questions originales

Marceau MARTIN

Bonjour,
Quel intérêt de construire un 2eme incinérateur à 500m l’un de l’autre?
Eu égard à l’emplacement de cet incinérateur, le motif d’acheminer un réseau de chaleur n’est pas sérieux, chauffer qui et où?
La logique serait de mettre cet incinérateur au sud de limoges, compte tenu de l’existence d’un au nord?
Et pourquoi pas en Creuse, il y a suffisamment de zones inhabitées dans ce département! nous emmènerions nos déchets là bas.
C’est juste une question de bon sens, si toutefois le bon sens est encore existant dans ce pays

 

Bonjour,  

Merci pour votre question. 

Tout d’abord, sachez que le scénario envisagé par l’Entente de construire une nouvelle UVE et un nouveau réseau de chaleur s’inscrit dans le contexte de la fin de vie de la Centrale énergie déchets (CEDLM) actuelle, dont l’échéance est prévue à 2030. Il n’est donc pas proposé de construire un 2ndéquipement à 500 m de la CEDLM actuelle en complément, mais de construire une nouvelle unité de valorisation énergétique en remplacement de l’existante ou de moderniser l’actuelle (pour l’un des scénarios alternatifs). 

  

Pour ce qui concerne les scénarios de localisation, sachez qu’une méthodologie a été mise en place par l’Entente Intercommunale pour réfléchir au meilleur lieu d’implantation. Elle a reposé sur l’analyse croisée de 4 lieux potentiels (emplacement en contre-bas de l’actuelle CEDLM ; Angernaud Le Palais Sur Vienne ; Zone Nord Limoges Rue Giffard ; et Limoges, centre de recyclage, Beaune les Mines)) à travers 26 critères (infrastructure, environnement, distance aux habitations, investissement, barycentre de production des déchets…). Cette analyse a conduit l’Entente Intercommunale à considérer que l’implantation d’une nouvelle unité de valorisation énergétique sur le site de l’actuelle Centrale énergie déchets pourrait être la solution la plus appropriée.  Vous trouverez tous les détails de cette analyse et ses conclusions à partir de la page 49 du dossier de concertation : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/09/Dossier_concertation_web.pdf 

 

Le scénario de construire une deuxième unité de valorisation énergétique en Creuse n’est pas présenté dans le dossier pour les raisons suivantes :  

  1. Ce type d’installation a une taille critique minima à respecter en raison du design des fours et des chaudières. Cette taille est estimée aujourd’hui à un minimum de 40 000 tonnes/an. 
  2. Ce type d’installation doit également intégrer une composante économique. Le rapport du Sénat en 2010 indiquait que la taille optimisée financièrement se situait à partir de 120 000 tonnes.  Le coût d’investissement de 2 unités de 55 000 tonnes/an chacune représenterait un investissement de 220 M€, soit 60 M€ de plus que le scénario d’une unité de 110 000 tonnes/an. 
  3. Une petite unité de valorisation énergétique en Creuse non reliée à un réseau de chaleur et ne produisant que de l’électricité serait également beaucoup moins vertueux sur le plan de la compensation des émissions de CO2. 
  4. Massifier les tonnages sur une unique unité de valorisation énergétique proche du barycentre de production des déchets (ce qui est le cas des 4 scénarios de localisation) n’augmente pas les kilométrages parcourus par les déchets. Pour rappel, à ce jour, une partie des tonnages de la Creuse partent en enfouissement dans l’Indre et dans l’Allier. 

Quant au projet de création d’un troisième réseau de chaleur adossé à la potentielle nouvelle UVE, l’objectif serait d’alimenter le centre-ville de Limoges. Il permettrait d’alimenter près de 15 000 équivalents logements à un coût de 78 euros le MWh (par rapport à des prix de marché variant actuellement de 200 à 300 euros la tonne), en complément des abonnés existants des réseaux de chaleur de Beaubreuil et du Val de l’Aurence. 

 

Parmi ces 15 000 équivalents logements, les principaux abonnés pourraient être les suivants : Lycée Léonard Limosin, Lycée Gay Lussac, Lycée Turgot, Lycée Raoul Dautry, Lycée Suzanne Valadon, Lycée Jean Monnet, Lycée Maryse Bastié, Royal Limoges, Texelis, Arquus, DREAL…   La répartition de la typologie des éventuels futurs abonnés et de leur besoin en chaleur sur ce tracé est présentée dans le tableau suivant : 

  

Typologie des prospects  Répartition en nombre  Répartition en consommation de chaleur 
Hébergements  54  39% 
Tertiaire  39  27% 
Equipement  5% 
Enseignement  16  20% 
Industrie  9% 
Total  118  100% 

 

Vous trouverez tous les détails concernant ce projet de 3ème réseau de chaleur à partir de la page 58 du dossier de concertation dont son éventuel tracé hypothétique. 

  

Bien cordialement

Famille

Bonjour,
en circulant devant l’incinérateur nous avons remarqué une pollution (fumée très foncée anormale) le vendredi 7 octobre vers 19 h 45 (voir photos jointes).
Nous nous interrogeons sur l’innocuité de ces retombées pour les riverains.
Nous avons donc quelques questions, certes sur un incident particulier, mais qui n’est pas sans lien avec la concertation actuelle.
– Que s’est-il passé à l’usine d’incinération ? Pourquoi ces fumées anormales ?
– Qu’a-t-il été relâché dans l’air ce soir-là ?
– N’y a-t-il vraiment aucun risque pour la santé des riverains ?
– S’il y a vraiment eu un souci, des fumées polluantes, y a-t-il un système d’alerte des riverains ? Un système préconisant un confinement à domicile ?
– Ces événements polluants se produisent-ils régulièrement ? Si oui, à quelle fréquence ?
Dans l’attente de vos retours.
Cordialement,

Lien vers la pièce jointe

 

Bonjour,

Merci pour votre question. 

Le vendredi 7 octobre 2022, l’exploitant de la Centrale énergie déchets, la société STVL-VEOLIA, a réalisé une simulation volontaire d’une coupure électrique de l’usine. Ce test a été réalisé suite au remplacement des cellules électriques haute-tension, dans le cadre de l’arrêt technique général annuel de l’installation. 

A l’occasion de cette simulation, l’installation s’est temporairement arrêtée en attendant le retour de l’électricité et cela a entraîné :

– L’ouverture des soupapes de sécurité pour le circuit sous pression de vapeur (cette dernière n’étant plus consommée par les réseaux de chaleur ni recondensée en eau par les aérocondenseurs) qui a occasionné un bruit important ;

– L’arrêt des extracteurs des fumées vers les cheminées générant une accumulation de fumée dans le bâtiment visible depuis les alentours de la Centrale énergie déchets. 

Cette opération programmée et intégrée aux processus courants de maintenance et d’exploitation aurait dû faire l’objet d’une communication préalable auprès des riverains.

Limoges Métropole et la société STVL sont navrées pour l’inquiétude liée à ce manque d’information en amont et pour la gêne que cela a pu engendrer. Le même phénomène de coupure électrique – qui reste très exceptionnel – avait également été observé le dimanche 4 septembre en raison, cette fois-ci, de la foudre qui était tombée à proximité de l’installation.

La ligne 1 était à l’arrêt. Les valeurs limites d’émission journalières des lignes 2 et 3 ont été respectées malgré cet incident, comme l’atteste le tableau suivant. Ces relevés ont été communiqués à la DREAL.

pastedGraphic.png

L’ondulateur de secours permettant d’enregistrer les paramètres en sortie de cheminée a fonctionné pendant la coupure électrique. Les relevés associés aux analyseurs FTIR (nom de la technologie), attestent de l’absence de dépassement des valeurs limites d’émission 30 minutes pour les paramètres HCl (acide chlorhydrique), SO2 (dioxyde de soufre), NOx (oxydes d’azote), COT (composés organiques du  carbone), CO (monoxyde de carbone) et NH3 (ammoniac).  Les analyseurs BETA et DURAG (noms des technologies) spécifiques au paramètre « poussières » ont mesuré des valeurs plus élevées (notamment pour la ligne 2) sans pour autant dépasser la valeur limite d’émission 30 minutes. 

pastedGraphic_1.png

Réglementairement, les valeurs oranges dans le tableau sont considérées comme invalides, le protocole de prélèvement étant associé à un débit minimal des fumées à analyser, condition non remplie en raison de l’arrêt des ventilateurs de tirage.  Elles sont présentées dans une volonté de totale transparence.

Indépendamment de la réflexion sur l’avenir de nos déchets et de la concertation préalable menée dans ce cadre, Limoges Métropole s’est engagé lors du réunion d’information auprès des riverains le 25 octobre dernier à l’installation de silencieux sur les soupapes de sécurité pour limiter cette gêne sonore et à la mise en place  de nouveaux outils de communication pour les riverains dans le cadre de l’exploitation de la CEDLM, à travers un site internet dédié, un système d’information par SMS et un bulletin d’information au format papier à fréquence restant à déterminer.

Emmanuel Rouxel

AUCUN RISQUE POUR LA SANTE ! Vraiment ?

Bonjour,

nous avons lu à la fois sur des panneaux de Limoges Métropole et dans un compte rendu de réunion publique des affirmations très claires : « l’incinérateur ne présente aucun risque pour la santé ». Une affirmation reprise en grosses lettres (« NON ») sur vos panneaux.Les études dans un passé récent (avec certes d’autres normes) montrent une hausse de certains cancers (notamment cancer du sein…) pour les riverains.Certes les normes ont évolué, mais encore aujourd’hui les experts sanitaires sont bien plus prudents que vos affirmations. Les normes évoluent encore très régulièrement, incorporant de nouveaux polluants à filtrer ou de nouvelles techniques de filtration.

D’où nos questions :

– Quelles études pouvez-vous citer pour affirmer aussi catégoriquement qu’il n’y aujourd’hui « aucun risque pour la santé » ?

– Pouvez-vous affirmer qu’un incinérateur ne présentera aucun risque pour la santé des riverains, que ce soit aujourd’hui ou dans le futur ?

– Pouvez-vous nous citer des études confirmant qu’il n’y a aucun risque à une exposition de longue durée aux retombées des fumées d’un incinérateur ?

– Puisqu’il n’y a « aucun risque pour la santé », pouvez-vous enfin confirmer que les effets cocktails des polluants émis ne présentent aucun danger ? Pouvez-vous nous apporter la preuve que les substances qualifiées de sans danger pour l’homme individuellement, ne peuvent pas devenir nocives lorsqu’elles sont mélangées ?

Merci pour vos retours.

Cordialement,

Emmanuel Rouxel

 

Bonjour,

Merci pour votre question. 

Il convient tout d’abord de signaler que la réglementation sur l’incinération a significativement évolué ces dernières décennies avec une réglementation qui n’a cessé de se renforcer pour tenir compte notamment de l’évolution des connaissances scientifiques et des améliorations survenues sur l’analyse des polluants. Ainsi, le travail d’inventaire du CITEPA [Centre Interprofessionnel Technique d’Études de la Pollution Atmosphérique, en charge de l’inventaire national annuel des émissions de GES et de polluants atmosphériques depuis plus de 20 ans], conclue à une diminution très significative entre 1990 et 2021 des 10 activités industrielles incluant l’incinération des déchets : -97,1% pour les émissions de particules et -99,9% pour les dioxines.

Un atelier spécifique sur les impacts sanitaires a eu lieu le 22 octobre dernier à Panazol. Vous retrouverez les présentations et le compte-rendu associé sur le site de la concertation. Marine Saint-Denis, Docteur en Écotoxicologie, a présenté des éléments sur des études toxicologiques liés aux enjeux sanitaires des sites de traitement des déchets. Les résultats de la bibliographie des études scientifiques suivantes ont été présentés lors de cet atelier : 

  • expositionExposition de la population moyenne française aux dioxines furannes : données issues de l’étude AFSSA/ANSES 1999 – 2005- 2010,
  • Imprégnation de la population moyenne française aux dioxines furannes : données de l’étude nationale AFSSA/INVS/Santé publique France de 2009 et  de l’étude ESTEBAN de Santé Publique France de 2021,
  • Étude épidémiologique de l’incidence des cancers AFSSA/INVS de 2009,
  • Étude d’imprégnation par les dioxines-furanes des populations vivant à proximité des incinérateurs AFSSA/INVS 2009.

En complément, le Comité de la prévention et de la précaution (CPP) est un organisme scientifique placé auprès du ministère de la transition écologique, composé de 3 médecins et de 15 spécialistes des problèmes de santé liés à l’environnement. Dans un avis rendu fin 2004, il a estimé qu’une usine d’incinération conforme aux normes européennes de 2000 présente un risque de cancer nul ou négligeable pour les personnes qui résident à proximité. Il s’est fondé sur les hypothèses de calcul utilisées et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et par l’Agence américaine de protection de l’environnement.

Une des spécificités du contrôle incombant aux unités de valorisation énergétique réside également dans la réalisation d’un plan de surveillance annuel autour du site où toutes les émissions et les molécules présentes sont mesurées. Cela permet d’inclure notamment toutes les sources d’émissions de dioxines et de métaux à proximité et donc d’inclure en quelque sorte le mélange de tous les « contributeurs ». Les mesures associées au plan de surveillance de la Centrale énergie déchets de Limoges Métropole (CEDLM) font apparaître des données basses et constantes systématiquement inférieures aux seuils de la réglementation. 

ATMO Nouvelle-Aquitaine qui réalise le suivi de la qualité de l’air sur le territoire a des outils permettant d’agréger l’ensemble des données issues des mesures pour modéliser le territoire et obtenir une vision globale (cela inclut tous les secteurs d’activité, par exemple sur les dioxines furanes, cela ne concerne pas que l’incinérateur et cela inclue notamment le trafic routier). A titre d’information, la station à proximité de la CEDLM pilotée par Atmo Nouvelle Aquitaine et mesurant en continu les particules fines démontre que les valeurs sont inférieures aux objectifs de qualité et aux seuils limites. 

L’évaluation des risques sanitaires prend également en compte les polluants émis par l’installation conformément à la réglementation et aux guides méthodologiques en vigueur au moment du dépôt du dossier de demande d’autorisation. Cette étude comprend une modélisation prédictive de la dispersion des fumées traitées et un calcul de risque est réalisé pour chaque molécule individuellement et par cumul pour l’ensemble des molécules agissant sur un même organe (se rapprochant de la notion de mélange évoqué dans la question). Ces évaluations des risques sanitaires intègrent des scénarios d’ingestion de produits (voir de terre) et d’inhalation de l’air par des habitants sur des périodes de 70 ans en considérant les rejets aux valeurs réglementaires maximisant les résultats. Les résultats de ces simulations complexes doivent bien évidement respecter tous les seuils de recommandation de l’OMS pour garantir la protection de la santé des usagers.

Les seuils et les contrôles réglementaires qui sont exigés par l’Union européenne, et que la France respecte, sont les plus exigeants actuellement en matière d’émissions et de contrôles au niveau mondial. Dans le cadre de l’amélioration continue et du principe de précaution, l’arrêté du 12 janvier 2021, relatif aux meilleures techniques disponibles applicables aux installations d’incinération de déchets, intègre de nouvelles mesures à mettre en œuvre au plus tard en décembre 2023 concernant :

  • Les dioxines bromés et les furannes bromés (PBDD/PBDF – Polybromodibenzo-p-dioxines/furannes) une fois par semestre,
  • Les PCB (polychlorobiphényles) de type dioxines tous les mois, puis tous les 6 mois puis tous les 2 ans suivant résultat,
  • Le Benzo(a)pyrène une fois par an.

A titre d’information, ces mesures sont d’ores et déjà réalisées sur la CEDLM depuis le 2nd semestre 2020 et semblent démontrer que les niveaux d’émissions sont stables au sens de la définition réglementaire pour les PCB.

Dans le cadre du projet, la combustion à plus de 850 °C pendant plus de 3 secondes serait associée à un traitement de fumées en 3 étapes et incluant une double filtration dans le cadre de la recherche de l’excellence technologique.  Cette technologie plus récentes et toujours plus performantes permettant de respecter une réglementation plus stricte sur la qualité des rejets. Ainsi, les niveaux des valeurs limites d’émission des polluants en sortie de cheminée seraient abaissés aux niveaux des valeurs les plus basses des recommandations européennes. 

Si des études nationales concernant de nouvelles méthodologies analytiques étaient lancées sur d’autres paramètres, l’Entente pourrait se porter volontaire pour tester ces nouvelles méthodes de mesure…

Cécile MARTEAU

Dans la mesure où il faut tendre à réduire au maximum les déchets incinérables, est-il opportun de se doter d’un super incinérateur qui nécessiterait une plus grande quantité de déchets?
N’est-on pas là face à une contradiction très préoccupante?

 

Bonjour,   

Merci pour votre question. 

Tout d’abord, la réflexion sur l’avenir du traitement des déchets entreprise par l’Entente Intercommunale fixe la prévention comme première priorité pour la gestion des déchets. Cette priorité s’inscrit dans le contexte réglementaire et les objectifs importants fixés au niveau national et régional. IL est à noter que le plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) de Nouvelle-Aquitaine, adopté le 21 octobre 2019, prévoit la diminution de 50% des quantités de déchets non dangereux dirigés en stockage entre 2010 et 2025. Il prévoit également de favoriser la valorisation énergétique sans augmentation de capacité du parc des unités valorisation énergétique.

l’Entente Intercommunale s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des ordures ménagères résiduelles pour 2030, en accord avec les politiques de prévention portées par les trois structures : il s’agit de diminuer de 90 kg par habitant et par an la production de déchets entre 2010 et 2030, ce qui correspond à un ratio de 154 kg par habitant à cet horizon.

Si le dimensionnement du projet de nouvelle unité de valorisation énergétique dépend en effet du résultat des politiques de prévention des déchets, il dépend également d’autres paramètres :

  • Périmètre géographique,
  • Evolution démographique,
  • Acceptation des apports autres que les ordures ménagères résiduelles : refus de tri, déchets d’activité économique, incinérables de déchèteries…,
  • Evolution réglementaire limitant drastiquement le recours à l’enfouissement.

Un atelier spécifique sur la prévention et le dimensionnement de l’installation a eu lieu le 22 septembre à Bessines-sur-Gartempe. Vous retrouverez la présentation et le compte-rendu associé sur le site de la concertation. Le scénario dit privilégié à 107 249 tonnes a été présenté ainsi que le scénario mini de 95 035 tonnes et le scénario maxi de 142 515 tonnes.

Lors de la réunion de clôture, l’Entente a notamment retenu comme premiers enseignements de donner la priorité à la prévention, d’aboutir à une potentielle future unité de valorisation énergétique au dimensionnement adéquat et de réétudier le dimensionnement du projet.

Nessim ARAZAM

Un incinérateur est considéré comme une ICPE, c’est donc une installation qui présente à ce titre un haut niveau de suivi environnemental et de sécurité, aussi j’aurais aimé connaitre les effets à long terme de l’exposition aux différents rejets sur la santé et sur l’environnement des populations vivant autour de cette installation.
Pouvez-vous fournir une bibliographie des études scientifiques permettant de connaitre les effets d’une exposition de longue durée à des rejets d’incinérateur?
Quelles sont les études qui montrent les effets indésirables des rejets des incinérateurs?
Pourquoi l’arrêté de 2002, ne réglemente qu’une vingtaine de polluants sur plus de 2000 molécules rejetées? N’ya-t-il pas eu d’avancées scientifiques en 20 ans portant sur l’exposition aux autres molécules?
Quelles sont les études qui s’intéressent aux effets des mélanges de molécules toxiques?
Quelle est l’influence des mâchefers diffusés sur tout le territoire en sous-couche routière sur l’environnement et la santé? Quelles sont les études qui permettent de suivre ces données?

 

Bonjour,   

Merci pour votre question.

Les incinérateurs et les unités de valorisation énergétique sont effectivement des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), au même titre que les déchèteries, les centres de tri ou les quais de transfert.

Il convient de signaler que la réglementation sur les déchets a significativement évolué ces dernières décennies avec une réglementation qui n’a cessé de se renforcer pour tenir compte notamment de l’évolution des connaissances scientifiques et des améliorations survenues sur l’analyse des polluants. Ainsi, le travail d’inventaire du CITEPA [Centre Interprofessionnel Technique d’Études de la Pollution Atmosphérique, en charge de l’inventaire national annuel des émissions de GES et de polluants atmosphériques depuis plus de 20 ans], conclue à une diminution très significative par exemple des émissions de particules de -97,1 % et des dioxines de – 99,9% entre 1990 et 2021 des 10 activités industrielles incluant l’incinération des déchets.

A titre d’information, les paramètres suivants sont analysés en sortie de cheminée :

Analyse 24h/24, 7 jours sur 7 Analyse semestrielle (6 heures)
Réglementation de 2002 Monoxyde de carbone – CO

Acide chlorhydrique – HCL

Dixoxyde de souffre – SO2

Oxydes d’azote NO et NO2

Composés organique totaux COT

Poussières

NH3

Dioxines furannes chlorés (17 congénères analysées en semi-continu)

Monoxyde de carbone – CO

Acide chlorhydrique – HCL

Dixoxyde de souffre – SO2

Oxydes d’azote NO et NO2

Composés organique totaux COT

Poussières

NH3

Dioxines furannes chlorés (17 congénères analysées en semi-continu)

Protoxyde d’azote – N20

Acide Fluorhydrique – HF

14 métaux [Arsenic – Cadmium- Cobalt – Chrome –Cuivre –Manganèse –Nickel – Plomb – Antimoine –Sélenium – Etain –Tellure –Thallium -Vanadium – Zinc]

Réglementation de 2021 avec application au plus tard au 19/12/2023 Mercure Hg (déjà en place à la CEDLM) Dioxines furannes bromés (13 congénères – déjà analysés à la CEDLM)

Polychlorobiphényles de type dioxines (PCB) (12 congénères – déjà analysés à la CEDLM)

HAP’s (8 congénères – déjà analysés à la CEDLM)

Ce ne sont pas 20 molécules qui sont analysées sur l’actuelle centrale énergie déchets de Limoges Métropole (CEDLM) mais bien 76 molécules, dont certains paramètres, comme les poussières ou les dioxines-furannes chlorés sont considérés comme des paramètres traceurs des autres molécules.

Une des spécificités du contrôle des unités de valorisation énergétique réside également dans la réalisation d’un plan de surveillance annuel autour du site où toutes les émissions et les molécules présentes sont mesurées. Cela permet d’inclure toutes les sources d’émissions de dioxines et de métaux à proximité et donc d’inclure en quelque sorte le mélange de tous les « contributeurs ». Les mesures associées au plan de surveillance de la CEDLM font apparaître des données basses et constantes systématiquement inférieures aux seuils de la réglementation. 

ATMO Nouvelle-Aquitaine qui réalise le suivi de la qualité de l’air sur le territoire a des outils permettant d’agréger l’ensemble des données issues des mesures pour modéliser le territoire et obtenir une vision globale (cela inclut tous les secteurs d’activité, par exemple sur les dioxines furanes, cela ne concerne pas que l’incinérateur et cela inclue notamment le trafic routier). A titre d’information, la station à proximité de la CEDLM pilotée par Atmo Nouvelle Aquitaine et mesurant en continu les particules fines démontre que les valeurs sont inférieures aux objectifs de qualité et aux seuils limites. 

Un atelier spécifique sur les impacts sanitaires a eu lieu le 22 octobre dernier à Panazol. Vous retrouverez les présentations et le compte-rendu associé sur le site de la concertation. Marine Saint-Denis, Docteur en Écotoxicologie, a présenté des éléments sur des études toxicologiques liés aux enjeux sanitaires des sites de traitement des déchets. Les résultats de la bibliographie des études scientifiques suivantes ont été présentés lors de cet atelier : 

  • Exposition de la population moyenne française aux dioxines furannes : données issues de l’étude AFSSA/ANSES 1999 – 2005- 2010,
  • Imprégnation de la population moyenne française aux dioxines furannes : données de l’étude nationale AFSSA/INVS/Santé publique France de 2009 et de l’étude ESTEBAN de Santé Publique France de 2021,
  • Étude épidémiologique de l’incidence des cancers AFSSA/INVS de 2009,
  • Étude d’imprégnation par les dioxines-furanes des populations vivant à proximité des incinérateurs AFSSA/INVS 2009.

L’évaluation des risques sanitaires prend également en compte les polluants émis par l’installation conformément à la réglementation et aux guides méthodologiques en vigueur au moment du dépôt du dossier de demande d’autorisation. Cette étude comprend une modélisation prédictive de la dispersion des fumées traitées et un calcul de risque est réalisé pour chaque molécule individuellement et par cumul pour l’ensemble des molécules agissant sur un même organe (se rapprochant de la notion de mélange évoqué dans la question). Ces évaluations des risques sanitaires intègrent des scénarios d’ingestion de produits (voir de terre) et d’inhalation de l’air par des habitants sur des périodes de 70 ans en considérant les rejets aux valeurs réglementaires maximisant les résultats. Les résultats de ces simulations complexes doivent bien évidement respecter tous les seuils de recommandation de l’OMS pour garantir la protection de la santé des usagers.

Concernant les mâchefers, la réglementation actuelle a été mise en place suite aux engagements du Grenelle visant à renforcer le cadre du recyclage des mâchefers et à apporter de nouvelles garanties d’acceptabilité environnementale. Elle s’appuie sur :

  • L’arrêté du 18 novembre 2011 relatif au recyclage en technique routière des MIDND, qui fixe les conditions dans lesquelles les mâchefers peuvent être recyclés en technique routière, ainsi qu’un guide d’application SETRA (Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements, aujourd’hui partie intégrante du CEREMA) dédié aux MIDND publié en octobre 2012, 
  • Un décret (Décret n°2011-767 du 28 juin 2011) et un arrêté (Arrêté du 25 juillet 2011) qui précisent les conditions dans lesquelles les mâchefers sont considérés comme non recyclables et peuvent donc être envoyés en ISDND sans payer de Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP). 

Ces textes s’appuient sur un guide SETRA dit « père » publié en mars 2011 sur l’Acceptabilité de matériaux alternatifs en technique routière. Dans ce guide est définie une démarche d’évaluation de l’acceptabilité environnementale de matériaux alternatifs élaborés à partir de déchets, quelle que soit leur origine, et destinés à être utilisés en technique routière.

L’arrêté du 18 novembre 2011 a renforcé les seuils d’acceptabilité et a introduit des contraintes supplémentaires à celles de la réglementation antérieure à savoir la circulaire du 9 mai 1994 (restriction des utilisations possibles, ajout de nouveaux paramètres à analyser et durcissement des seuils)

Chaque lot de mâchefers est soumis à l’étude du comportement à la lixiviation et à l’évaluation de la teneur intrinsèque en éléments polluants et compare les résultats obtenus avec les valeurs réglementaires. La teneur intrinsèque en éléments polluants (carbone organique total – COT, benzène, toluène, éthylbenzène et xylènes – BTEX, 7 congénères polychlorobiphényles – PCB, Hydrocarbures, hydrocarbures aromatiques polycycliques – HAP et dioxines et furanes) est évaluée sur la base des résultats d’une analyse en contenu total menée sur un échantillon représentatif du lot de mâchefer élaboré à caractériser. Le comportement à la lixiviation est évalué sur la base des résultats d’un essai de lixiviation mené conformément à la norme NF EN 12457-2 sur un échantillon représentatif du lot de mâchefer après maturation et avant mise en œuvre en sous-couche routière. Les paramètres analysés sont les suivants : arsenic, barym, cadmium, chrome, cuivre, mercure, molybdène, nickel, plomb, antimoine, sélénium, zinc, fluorures, chlorures et sulfates.

Elisabeth Gaussot

Il faut bien expliquer aux gens ce que devient les déchets non triés… Enterrés ? C’est une motivation.
Les emballages des fabricants est une question primordiale également. Leur part d’effort ou est elle ?,

 

Nous vous remercions pour votre participation. La réponse est en cours de préparation.

Faby Marie Dominique

Suite à la réunion de clôture d’hier soir plusieurs questions concernant le projet de 3ieme réseau de chaleur
J’ai bien retenu que d’un point de vue réglementaire ce projet devait être associé à l’incinérateur. Dans ce cas le dossier devrait être plus détaillé sur ce point . En particulier aucune documentation chiffrée présentant l’actuelle utilisation de l’énergie récupérée .. qui est l’exploitant de ces réseaux de chaleur?, qui sont les clients? pour quels usages? , en quelle quantité? …j’imagine que l’été il n’y a plus besoin de chauffage urbain…
Pourquoi d’emblée prévoir un réseau qui alimenterai Limoge centre alors que l’emplacement de la nouvelle unité n’est pas encore choisi …et qu’il paraîtrait plus économique que le réseau alimente l’environnement proche de l’incinérateur…
Compte tenu de la situation énergétique actuelle , ce l’annonce d’un 3ème réseau est effectivement « très vendeur » mais à quel prix des travaux de création de ce réseau en centre ville ?
Que deviendront les clients de ces réseaux si comme nous l’espérons tous la quantité de déchets se réduit de façon significative? Sachant que vous nous avez fermement affirmé qu’aucun déchets autres que ceux de l’entente ne seront acheminés vers la nouvelle UVE…ou incinérateur..
Il est bien sûr hors de question de ne pas valoriser cette énergie mais en toute transparence ….

 

Bonjour,

Tout d’abord, sachez que vous pouvez retrouver des informations sur le projet de 3ème réseau de chaleur ainsi qu’une description et un certain nombre d’éléments sur les deux réseaux existants en page 35 et à partir de la page 58 du dossier de concertation : https://avenirdenosdechets-hautevienne-creuse.fr/wp-content/uploads/2022/09/Dossier_concertation_web.pdf 

Le réseau de chaleur du quartier de Beaubreuil est exploité par la SDCLB (Dalkia) dans le cadre d’une délégation de service public se terminant en 2023. La CELDM alimente à hauteur de 98% les besoins de ce réseau (35 000 MWh par an).

Le réseau de chaleur du Val de l’Aurence est exploité par la SDCL (Dalkia) dans le cadre d’une délégation de service public se terminant en 2032. La CEDLM co-alimente depuis mars 2022 les besoins de ce réseau à hauteur de 40 000 MWh par an, le complément étant fourni par une chaufferie biomasse existante.

Vous retrouverez ces données à la page 62 du dossier ainsi le tableau récapitulatif suivant et les plans des réseaux actuels:

RCU Beaubreuil RCU Val de l’Aurence
Délégataire SDCL jusqu’en 2023 SDCLB jusqu’en 2032
Longueur du réseau 9,6 km 26 km
Nombre de sous-stations 37 118
Vente de chaleur aux abonnés 40 000 MWh/an

(équivalent à 8 900 habitants)

143 000 MWh/an

(équivalent à 31 800 habitants)

Fourniture de chaleur 98% par la CEDLM

2%  gaz naturel

60% par la chaufferie bois

28% par la CEDLM (depuis 2022)

12% gaz naturel

Taux d’énergie renouvelable 2021 98% (par la CEDLM) 60%
Prix de vente aux abonnés 52 €TTC/MWh en 2021 79 €TTC/MWh en 2021


Concernant l’éventuel projet de 3ième réseau de chaleur, ce dispositif s’inscrirait dans le cadre du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) adopté en juin 2018 avec pour objectifs globaux d’ici à 2050 sur le territoire de Limoges Métropole d’atteindre : 

• – 69% d’émissions de gaz à effet de serre et – 53% de consommations énergétiques ; 

• – 34% d’émissions de polluants atmosphériques ; 

• + 149% de production d’énergie renouvelable ;

Les réseaux de chaleur urbains (RCU) alimentés par des énergies renouvelables permettent de limiter les émissions de gaz à effet de serre, de concourir au renforcement de l’indépendance énergétique du territoire (et de la France) et de participer à la lutte contre le changement climatique.

Vous retrouverez, en page 61 du dossier, le tableau suivant reprenant les deux scénarios d’alimentation (chaufferie bois ou unité de valorisation énergétique) avec les coûts d’investissement correspondant au prix des travaux ainsi que l’éventuel coût pour les abonnés.

Scénario 1 : RCU avec création d’une chaufferie Biomasse Scénario 2 : RCU avec raccordement à l’UVE
Production de chaleur 58 000 MWh/an par la biomasse

10 000 MWh/an au gaz naturel

66 000 MWh/an par l’UVE

2 000 MWh/an au gaz naturel

Émissions de CO2 évités par an 12 800 tonnes à terme 14 700 tonnes/an à terme
Taux d’énergie renouvelable utilisé  85% 91,6%
Investissement  42,7 M€HT 37,1 M€HT
Tarif et prix de vente aux abonnés 98 €TTC/ MWh (+16% par rapport au prix de référence de 82 €TTC/MWh) 78 €TTC/MWh (-8% par rapport au prix de référence de 82 €TTC/MWh)

L’alternative d’une alimentation par une chaufferie biomasse (ou bois) a été présentée et débattue lors de la concertation. Dans le scénario d’une UVE à proximité du centre de recyclage à Beaune-les-Mine (à 6 km de la CEDLM existante), la démonstration de la faisabilité technique a également été démontrée.

Comme indiqué par ailleurs lors de la réunion de clôture, le projet de 3ème réseau de chaleur pour alimenter le centre-ville de Limoges a été pensé indépendamment du projet de nouvelle UVE qui s’inscrit notamment dans le contexte de la fin d’exploitation programmée de la CEDLM. 

L’entente poursuivra sa politique de réduction de déchets y compris en 2040 et 2050 indépendamment des besoins de chauffage. Réussir la transition énergétique suppose de s’appuyer sur 2 autres piliers en complément du développement des énergies renouvelables : la sobriété et l’efficacité énergétique.  Concernant les bâtiments publics par exemple raccordés à cet éventuel 3ième réseau de chaleur, les collectivités œuvreront également dans ce sens, comme elles le font d’ores et déjà dans le cadre du projet de renouvellement urbain du quartier de Beaubreuil.


Bien cordialement,

 

Philippe SEGARD

Condat le 21/10/2022
J’ai participé hier soir à la réunion de clôture de la concertation concernant le projet de remplacement de l’incinérateur. J’ai été étonné de lire et d’entendre que la réalisation d’un troisième réseau de chaleur était adopté par l’ensemble des contributeurs, il faisait consensus ? . Ce n’est absolument pas ce que j’ai lu dans les différentes réactions et plus particulièrement celles des associations qui ont fourni des dossiers très complets sur le sujet . Ce 3ème RCU ne devrait pas faire partie de la consultation aujourd’hui car il peut-être alimenter par une autre source d’énergie ( gaz bio des déchets, biomasse …). En l’associant au projet du nouvel incinérateur, on donne le sentiment que celui-ci est fait pour brûler des déchets dans le but d’alimenter un 3ème RCU. Il faudrait déjà prévoir alimenter correctement les deux RCU installés. L’incinérateur actuel n’apporte que 28% de chaleur au RCU De la Zup de Laurence, il reste une forte marge qui permettrait de diminuer ou même d’arrêter la part de biomasse apportée. La ressource de celle-ci est limitée et le transport couteux génère beaucoup de CO2.
D’autre part, nous avons signalé que selon le document de concertation, le centre de tri de Beaune les Mines était conçu pour absorber 24000 t/an et qu’il reçoit déjà 23000 t/an. Donc il est pratiquement saturé. Sachant que la Creuse n’apporte que 25% de ses déchets recyclables et que la ressource fournie par les deux autres syndicats peut encore beaucoup augmenter, comment absorber ces déchets ? Vous nous avez répondu verbalement qu’en faisant fonctionner plus longuement l’usine (2 équipes par jour), vous n’étiez pas inquiet par le problème. Incroyable, pourquoi n’avoir pas expliquer et chiffrer ce problème dans l’exposé de votre concertation ?

 

Bonjour,

Merci pour votre question.
Comme indiqué lors de la réunion de clôture, le projet de 3
ème réseau de chaleur pour alimenter le centre-ville de Limoges a été pensé indépendamment du projet de nouvelle UVE qui s’inscrit notamment dans le contexte de la fin d’exploitation programmée de la CEDLM. C’est d’ailleurs pour cela qu’une alternative a été présentée et débattue lors de la concertation sur la possibilité d’alimenter cet éventuel 3ème réseau de chaleur par une chaufferie bois que vous évoquez dans votre réponse.

Ce qui a fait relativement consensus lors de la concertation de notre point de vue, c’est l’intérêt pour les habitants de bénéficier d’une énergie à coût compétitif grâce au réseau de chaleur. Les réseaux de chaleur urbains (RCU) alimentés par des énergies renouvelables permettent de limiter les émissions de gaz à effet de serre, de concourir au renforcement de l’indépendance énergétique du territoire (et de la France) et de participer à la lutte contre le changement climatique. Concernant l’éventuel projet de 3ième réseau de chaleur, ce dispositif s’inscrirait dans le cadre du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) adopté en juin 2018 avec pour objectifs globaux d’ici à 2050 sur le territoire de Limoges Métropole d’atteindre : 

• – 69% d’émissions de gaz à effet de serre et – 53% de consommations énergétiques ;
• – 34% d’émissions de polluants atmosphériques ;
• + 149% de production d’énergie renouvelable ;

Concernant le centre de tri, celui-ci ne faisait pas partie en tant que tel du cadre des débats de la concertation préalable, dont l’objet était en particulier de débattre autour de l’opportunité d’une nouvelle UVE pour traiter les déchets non recyclables et d’un nouveau réseau de chaleur. Pour autant, comme la réflexion sur l’avenir des déchets concerne bien entendu les enjeux liés au tri, la question du centre de tri est tout à fait importante et c’est pour cela que la réponse que vous reprenez dans votre message a été apportée lors de la réunion de clôture.

En complément, le centre de recyclage de Limoges Métropole, sous l’impulsion des membres de l’Entente, de l’Ademe et de l’éco-organisme CITEO, a été modernisé en 2020. Le nouvel outil industriel d’un débit nominal de 10,5 tonnes/heure a permis de passer aux extensions des consignes plastiques.  L’organisation de tri actuel permet en effet de trier le gisement de 24 000 tonnes par an avec l’organisation suivante : tri de 8h00 à 20h00 du lundi au vendredi.

Auparavant, le tri se faisait de 6h00 à 21h00 du lundi au vendredi. Ainsi, l’outil industriel d’aujourd’hui avec la même organisation que par le passé est en capacité de trier 30 000 tonnes/an. A titre d’exemple, le centre de tri du Calitom à Mornac en Charente a réceptionné 43 000 tonnes l’année dernière avec un outil industriel de 11 tonnes/heure.

Concernant les apports de la Creuse au centre de recyclage, ce sont d’ores et déjà Evolis 23, la communauté de communes Creuse Grand Sud et la communauté de communes Creuse Sud-Ouest qui apportent les emballages sur le site de Limoges. Ces trois structures représentent 71% de la population de la Creuse. A noter que dans le cadre de la planification souhaitée par l’Ademe et CITEO concernant les centres de tri en France, il n’est pas prévu à ce jour que les emballages du reste de la Creuse soient réorientés vers Limoges, les partenariats existants avec Châteauroux et Clermont-Ferrand notamment n’étant pas remis en cause pour ce flux de déchets.

En complément, la prévention des déchets doit également s’appliquer sur les emballages, tout particulièrement les emballages plastiques. 

En tous les cas et comme indiqué, la démarche de dialogue et de collaboration avec le public sur l’ensemble de ces sujets se poursuivra après la concertation préalable.
Bien cordialement,

Pourquoi avec une telle continuité politique n’est t on pas passé à la redevance incitative ?

Limoges Métropole a réalisé une étude sur la tarification incitative en 2014 et l’a remise à jour en 2021. Limoges Métropole s’est fixé un objectif à 180 kilos pour 2030, seuil correspondant à la moyenne des quelques territoires urbains engagés dans une tarification incitative.

Limoges Métropole n’est pas encore passée à la tarification incitative car cela est plus difficile pour un territoire urbain. En effet, la réussite sur une ville dense comme Limoges (63% en population et 70% en nombre de résidences sur le territoire de Limoges Métropole) n’est pas à ce jour assurée : majorité d’occupants non propriétaires, producteurs de déchets facturés indirectement, chômage et précarité plus ou moins importante suivant les quartiers, public plus ou moins sensible aux problèmes d’environnement, acceptabilité des dispositifs de contrôle d’accès et de comptabilisation des apports, participation des grandes entreprises à la fiscalité actuelle…

Le déploiement de la redevance incitative impliquerait un transfert de charges financières entre les industriels payant aujourd’hui la TEOM et les usagers. In fine, le coût à l’habitant serait plus élevé.

Une alternative plus facile et moins couteuse à déployer a été choisie à travers notamment l’inversion des fréquences de collecte pour des résultats similaires dès la première année, à savoir :

  • Chaptelat : passage de 168 à 125 kg/hab/an en OMr (-43 kg)
  • Zone 1 (Landouge) : passage de 182 kg/hab/an à 161 kg/hab/an (-21 kg)

La collectivité déploiera donc l’incitativité sous toutes ses formes à travers l’axe 5 de son nouveau programme local de prévention des déchets 2022-2027 :

  • Extension de la collecte incitative dès le 1er juin 2023 (inversion des fréquences de collecte des bacs verts et des bacs bleus)
  • Lancement d’une expérimentation de communication incitative pour 30 000 usagers en 2025
  • Évaluation du déploiement des systèmes de gratification des gestes de tri (cliiink….)
  • Révision du seuil d’exclusion de la collecte par le service public et instauration de tarifs de la redevance spéciale progressifs suivant les volumes produits
  • Préparation des équipements de collecte à un éventuel passage en tarification incitative

A noter que sur le territoire d’Evolis 23, une grande partie des collectivités sont passées à la tarification incitative. Des démarches similaires sont entreprises par les collectivités membres du Syded 87.

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